Chaque Québécois doit plus de 34 000 $ au provincial seulement

Vaut mieux en rire!

Avant de couper des centaines de millions dans les services, est-ce qu’on peut avoir les services ? - Michel Beaudry

17 décembre, 2005

Le Québec est-il pauvre ?





Mme. Chalifour Sherrer a malheureusement raison, les Québécois sont pauvres.

Pourtant, le Québec possède tout ce qu’il faut pour atteindre un niveau de prospérité exceptionnel : richesses naturelles, hydro électricité à bon marché, ressources humaines de qualité, situation géographique centrale, etc. Mais voilà, les Québécois ont une addiction particulièrement néfaste à la croissance économique : l’étatisme. Depuis au moins vingt ans nous nous comportons comme l’alcoolique qui refuse d’admettre que l’alcoolisme est une maladie. Tant que nous n’admettrons pas que l’étatisme est une maladie, il sera impossible d’entreprendre notre longue marche vers la guérison.

Dans un rapport publié en février 2001, M. Marcel Boyer, professeur à l’université de Montréal, écrivait :

« Les sociétés où l’esprit original de la social-démocratie demeure vivant ne peuvent plus se satisfaire des demi-vérités et de la langue de bois dont on les afflige trop souvent sous le couvert de grands et nobles sentiments. Elles doivent faire face à la dure réalité actuelle et aux années exigeantes qui s’en viennent. Atermoiements et palabres au sommet ne rejouant que les mêmes rengaines usées et dépassées ou n’apportant que des palliatifs marginaux ne feraient qu’empirer leur évolution et le report de décisions encore plus douloureuses. La poursuite d’un idéal social-démocrate au Québec passe par une remise en question courageuse de ses institutions. Et le temps presse. »


L'ex-ministre et candidate libérale dans la région de Québec, Hélène Chalifour Sherrer prétend que le Québec est pauvre. Est-ce vrai ?

Malheureusement, Mme. Chalifour Sherrer a raison, presque tous les indicateurs économiques et sociaux confirment son diagnostique :


IndicateurQuébecROC (1)Diff.
PIB par habitant (2004)35 118 $41 967 $-16,3%
Taux de chômage (Nov. 05)8,0%5,9%+35,6%
Aide sociale (Bén./pop.) (2004)7,1%4,8%+47,9%

(1) Reste du Canada

Alors, il est bien évident, lorsqu’on se compare au ROC, que les Québécois sont relativement pauvres. La comparaison avec l’Amérique du Nord serait encore plus marquée.

Pourtant, le Québec possède tout ce qu’il faut pour atteindre un niveau de prospérité exceptionnel : richesses naturelles, hydro électricité à bon marché, ressources humaines de qualité, situation géographique centrale, etc. Mais voilà, les Québécois ont une addiction particulièrement néfaste à la croissance économique : l’étatisme. Depuis au moins vingt ans nous nous comportons comme l’alcoolique qui refuse d’admettre que l’alcoolisme est une maladie. Tant que nous n’admettrons pas que l’étatisme est une maladie, il sera impossible d’entreprendre notre longue marche vers la guérison.

En février 2001, M. Marcel Boyer, professeur de science économique à l’Université de Montréal et PDG du Cirano, publiait un rapport bourgogne intitulé « La Performance Économique du Québec : Constats et Défis ».

Près de cinq ans plus tard, à peu près rien n’a été fait et les constatations du professeur Boyer, sont d’autant plus pertinentes[1].

« Les problèmes socio-économiques qui affligent le Québec, entre autres aux chapitres des services de la santé, de l’enseignement collégial et universitaire, de la R&D industrielle, du soutien aux industries culturelles, du développement des activités récréatives et du maintien d’équipes de sport professionnel sont des phénomènes interreliés qui découlent en bonne partie de la sous-performance relative du Québec en termes de croissance, de développement économique et de création d’emploi. Nous verrons que cette sous-performance du Québec dure depuis près de vingt ans et qu’elle s’est sensiblement accentuée depuis le début des années quatre-vingt- dix. »

« Malgré une croissance économique réelle de près de 2,1% par an depuis le début des années quatre-vingts, la situation relative du Québec se dégrade et il deviendra de plus en plus difficile, voire impossible, pour le Québec de maintenir des services économiques et sociaux de qualité comparable à celle que peuvent et pourront s’offrir ses partenaires économiques immédiats que sont le reste du Canada (ROC) et les États-Unis. Nous sommes en train de préparer des jours difficiles pour nos enfants. Il est temps de sonner l’alarme. Un coup de barre vigoureux s’impose : Le Québec a un urgent besoin d’une véritable nouvelle révolution tranquille et le temps presse. »

Voici le résumé des faits constatés par le professeur Boyer :
  • De 1981 à 1999, le PIB réel augmentait de 64,2 % au ROC et de 45,2% au Québec.
    Entre 1990 et 1999, les emplois ont augmenté de 12,4% au ROC et aux USA, et de 6,9% au Québec.
  • L’économie du Québec crée systématiquement moins d’emplois que celle du ROC et ce, depuis au moins 25 ans.
  • La part du Québec dans la création d’emplois à temps plein au Canada a chuté à 13,9% dans la période 1990-99.
  • Si le Québec avait depuis 1981 créé des emplois au même rythme que le ROC et les Etats-Unis, 349 000 emplois de plus auraient été créés.
  • Les écarts véritables de taux de chômage entre le Québec et le ROC ou les Etats-Unis sont en réalité beaucoup plus importants que ne l’indiquent les données officielles.
  • Moins de la moitié des hommes de 55-64 ans au Québec occupe actuellement un emploi comparativement aux deux tiers aux États-Unis.
  • 37% des faillites commerciales et 31% des faillites de ménages au Canada sont québécoises.
  • Le niveau relatif de la rémunération hebdomadaire moyenne au Québec par rapport au Canada est passé de 98% dans les années 80 à 93,6% en 1999.
  • Si on combine les secteurs des haute et moyenne-haute technologies, le Québec représente moins de 15% des exportations canadiennes.
  • Relativement à ses principaux partenaires socio-économiques, le Québec s’appauvrit à un rythme alarmant !


« La situation économique relative du Québec, si elle devait continuer à se dégrader comme c’est le cas depuis près de 20 ans, laisse entrevoir des crises de plus en plus sérieuses. »

  • la dégradation relative des services de santé et des services sociaux,
  • la baisse de la qualité relative de l’éducation à tous les niveaux, de la formation scientifique et professionnelle et de la formation continue,
  • le dépérissement relatif ou le développement au ralenti des infrastructures (routes, eau potable et eaux usées, télécommunications, inforoute),
  • la dégradation de l’environnement,
  • le dépérissement relatif des industries culturelles (musique, danse, théâtre, musées, festivals),
  • la baisse de la qualité relative des activités récréatives de toutes sortes (baisse de qualité, voire disparition, des équipes de sport professionnel de haut niveau).


Le professeur Boyer a été plutôt clairvoyant, car s’est exactement ce qui s’est produit depuis 2001.

Toujours selon le professeur Boyer, les principales causes de la sous-performance de l’économie québécoise sont :

  • Deux causes à la sousperformance du Québec: 1) manque d’incitations à la performance, 2) vieillissement des mécanismes publics de coordination;
  • Les institutions québécoises ne parviennent pas à assurer l’affectation, l’utilisation et le développement efficaces des ressources ni à motiver suffisamment les individus.
  • Trop de Québécois arrivent à la conclusion qu’il est préférable et plus payant de ne pas travailler.

Le professeur Boyer poursuit en identifiant différentes pistes de solutions :

  • Une concurrence saine et bien conçue dans le secteur public est susceptible d’en accroître significativement la performance.
  • La finalité ultime de la social-démocratie est l’amélioration optimisée du bien-être des individus.
  • La nouvelle social-démocratie prend en considération les limites de l’action de l’État, foncièrement non-informé, intéressé et manipulé par les groupes de pression capables d’exploiter de manière stratégique leurs informations privées pour promouvoir leurs propres intérêts dans un marché politique opaque.
  • La social-démocratie traditionnelle est orientée vers les moyens, la préservation des droits acquis, la protection des rentes et intérêts corporatistes et la sauvegarde des vaches sacrées, bref c’est une social-démocratie tolérante de la médiocrité et endormie dans une langue de bois où la forme et le contenant dominent le réel et le contenu.
  • La social-démocratie concurrentielle est résolument orientée vers les fins et objectifs, ouverte aux changements technologiques et organisationnels, favorable à l’émergence d’un pouvoir de compétence dans tous les milieux et dans toutes les sphères d’activité.
  • Il sera souvent beaucoup plus efficace pour les autorités politiques de faire produire des biens et services publics par le secteur privé grâce à des mécanismes concurrentiels ouverts, transparents et plus incitatifs à la performance et à l’expérimentation créatrice.
  • Seuls des mécanismes concurrentiels, ouverts et transparents (faisant un usage optimisé des nouvelles technologies de communications) peuvent garantir l’émergence d’une société où les intérêts des citoyens prédominent.
  • On doit malheureusement constater que dans la très grande majorité des cas, les évaluations courantes des divers programmes et politiques sont superficielles et sans fondements analytiques sérieux. Ces évaluations courantes ont souvent pour but d’apporter une caution morale à des interventions mal conçues et mal orientées des pouvoirs publics.


Le professeur Boyer conclut son rapport en disant:

« C’est donc une véritable révolution que représente pour le Québec la nouvelle social-démocratie concurrentielle par rapport à la social-démocratie traditionnelle. »

« Mais cette révolution est une condition de survie. À défaut de la réaliser, le Québec comme les autres sociétés qui s’agripperont à des modèles de social-démocratie traditionnelle, mal adaptés aux nouveaux environnements sociaux, économiques et culturels, sont vouées à l’appauvrissement relatif et donc à l’échec face aux objectifs premiers de leurs programmes et politiques. »

« Les sociétés où l’esprit original de la social-démocratie demeure vivant ne peuvent plus se satisfaire des demi-vérités et de la langue de bois dont on les afflige trop souvent sous le couvert de grands et nobles sentiments. Elles doivent faire face à la dure réalité actuelle et aux années exigeantes qui s’en viennent. Atermoiements et palabres au sommet ne rejouant que les mêmes rengaines usées et dépassées ou n’apportant que des palliatifs marginaux ne feraient qu’empirer leur évolution et le report de décisions encore plus douloureuses. La poursuite d’un idéal social-démocrate au Québec passe par une remise en question courageuse de ses institutions. Et le temps presse. »

Voilà qui a le mérite d’être clair. On réinvente le modèle économique québécois pour mettre fin au gaspillage ou le niveau de vie des québécois(es) continuera de se dégrader rapidement.

Lors des dernières élections le parti libéral a été élu parce qu’il nous avait promis de faire le ménage, de moderniser l’appareil gouvernemental, de réduire les impôts, etc. Malheureusement, deux ans plus tard, à peu près rien n’a été fait. Il n’y a pas eu de réduction d’impôt significative, la modernisation de l’appareil gouvernemental tourne en rond, les groupes de pression continuent de faire la pluie et le beau temps, la dette continue de croître, etc.


[1] Le Rapport Bourgogne, est disponible sur le site internet du Cirano : http://www.cirano.qc.ca/fr/

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