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Vaut mieux en rire!

Avant de couper des centaines de millions dans les services, est-ce qu’on peut avoir les services ? - Michel Beaudry

23 octobre, 2007

Les effets pervers de la redistribution

La redistribution forcée, voler les uns pour donner aux autres, a pour effet d’humilier celui reçoit. En revanche, ce dernier dénonce celui qui donne. Ainsi, le Québec dénonce le Canada, les régions dénoncent Montréal et les assistés sociaux dénoncent les riches. Ce phénomène est la source de tensions sociales nuisibles au développement d’une vraie solidarité sociale. L’entraide volontaire est la seule façon de bâtir une société vraiment solidaire.

Montréal: le cadeau fait aux régions
16 octobre 2007 - 09h48
La Presse
Claude Picher

Il est de bon ton, dès que l'on s'éloigne de quelques kilomètres de Montréal, de dénigrer à tour de bras les «travers et les péchés» de la métropole.

J'utilise ici l'expression parue lundi à la une de La Presse, pour annoncer le vaste reportage de ma collègue Caroline Touzin sur la perception des régions à l'égard de Montréal.

Le verdict des régions est impitoyable, écrit-elle: «Montréal et ses habitants sont coupables d'arrogance, d'aveuglement, d'égoïsme et d'ignorance», rien de moins!

Pourtant, la réalité est la suivante: les régions pourront brailler tant qu'elles veulent, une chance qu'elles ont Montréal... et l'argent de Montréal.

En moyenne, les Montréalais sont plus riches que les autres Québécois. À cause de la progressivité du régime fiscal, ils paient donc plus d'impôts.

De Gaspé à Rouyn-Noranda, de Baie-Comeau à Huntingdon, l'argent des Montréalais sert à financer la construction de routes, d'écoles, d'hôpitaux; il contribue à financer les prestations d'aide sociale et d'assurance emploi, les pensions de vieillesse et autres programmes sociaux.

Sans cet argent, la capacité fiscale des régions ne serait tout simplement pas assez importante pour financer des infrastructures et des services équivalents.

De façon très prudente, on peut affirmer que chaque année, au moins 4 milliards de dollars sont puisés dans les poches des Montréalais pour être redistribués dans les régions.

Oublions d'abord les querelles entre plateaucentriques et banlieusards. D'un point de vue économique, Montréal et sa banlieue se complètent entièrement.

La région métropolitaine de Montréal, c'est-à-dire l'île de Montréal et tout ce qui l'entoure immédiatement, c'est-à-dire Laval, la Rive-Sud de Châteauguay à Boucherville, la couronne nord de Deux-Montagnes à Repentigny, cette région, donc, compte 3,2 millions d'habitants, ou 42% de la population québécoise.

En 2004, dernière année d'imposition pour laquelle on dispose de statistiques fiscales complètes, le gouvernement québécois a recueilli, sur l'ensemble du territoire, 19,6 milliards en impôts sur le revenu des particuliers. À elle seule, la région de Montréal a fourni 9,4 milliards, soit 48% de cette somme.

Si les Montréalais devaient supporter un fardeau fiscal correspondant à leurs poids démographique, ils paieraient donc 1,2 milliard de moins. Mais comme on vient de voir, ils sont plus riches, c'est donc normal qu'ils contribuent davantage aux recettes fiscales.

Ces chiffres ont été établis à l'aide des statistiques de Revenu Québec, qui chiffrent les impôts payés par région administrative, par municipalité régionale de comté (MRC), et pour chaque municipalité de 20 000 habitants ou plus.

Ils ne concernent que les impôts provinciaux. Le fédéral ne publie pas de statistiques géographiques aussi détaillées, mais à cause de la similitude entre les deux régimes fiscaux, on peut raisonnablement déduire que les Montréalais envoient également à Ottawa 1,2 milliard de trop par rapport à leur poids démographique.

Nous voici donc rendus à 2,4 milliards.

Les trois principales dépenses de programmes du fédéral sont les pensions de vieillesse, les transferts aux provinces et les prestations d'assurance emploi. À cause de l'exode des jeunes, la plupart des régions vieillissent plus rapidement que Montréal.

Le chômage frappe davantage en région qu'à Montréal. Sur une base par habitant, les dépenses du gouvernement provincial sont plus élevées en région. Compte tenu de tout cela, on n'a pas besoin d'un cours classique pour comprendre où va le 1,2 milliard fédéral.

Ce n'est pas tout.

Jusqu'ici, nous n'avons parlé que de l'impôt des particuliers. Cette année, les entreprises québécoises enverront près de 10 milliards en impôts à Québec et à Ottawa.

Compte tenu de la concentration des entreprises dans la région de Montréal, on peut certainement calculer, encore ici de façon fort prudente, que 55% de ce montant sera fourni par des entreprises montréalaises.

Compte tenu du poids démographique de la région, c'est 1,3 milliard de trop.

Nous voici rendus à 3,7 milliards.

Comme les Montréalais, en moyenne, ont des revenus plus élevés qu'en région, ils dépensent plus, et ils paient donc plus de TPS et de TVQ. Il n'existe pas de statistiques régionales à ce sujet, mais il est certain que les consommateurs montréalais, toujours par rapport à leur poids démographique, envoient facilement 500 millions de trop aux deux ordres de gouvernement.

Au net, le transfert de Montréal vers les régions dépasse donc les 4 milliards, année après année.

Cela, insistons là-dessus, est tout à fait correct: par définition, une région riche a une capacité fiscale plus élevée qu'une région pauvre, et le système est précisément conçu pour assurer la redistribution de la richesse.

N'empêche: avant de considérer les Montréalais comme une bande d'égoïstes, les chialeux des régions pourraient au moins se rappeler que Montréal demeure le véritable moteur économique du Québec, et que sans l'argent des Montréalais, beaucoup d'entre eux auraient l'air pas mal moins frais.

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