Chaque Québécois doit plus de 34 000 $ au provincial seulement

Vaut mieux en rire!

Avant de couper des centaines de millions dans les services, est-ce qu’on peut avoir les services ? - Michel Beaudry

27 novembre, 2007

La « soviétisation » du système de santé

Le système de santé du Québec exhibe tous les symptômes des systèmes soviétiques de l’ère communiste : planification centralisée, gestion de l’offre, pénurie, mauvaise coordination, aucune relation entre coûts et résultats, nivellement par le bas, file d’attente, etc.

Les solutions sont connues depuis toujours : décentralisation, compétition et privatisation.

Le texte du Dre Sylvie Berthiaume est particulièrement édifiant : l’administration « soviétisée » du CHUM demande à ses médecins de refuser de traiter des femmes enceintes pour ne pas dépasser le quota établi par l’hôpital. Il faut le faire quand même!!

Cyberpresse, le mardi 27 nov 2007

Du pelletage chez le voisin

Sylvie Berthiaume

L'auteur est omnipraticienne, chef de service de périnatalité du CHUM et membre de l'exécutif de l'Association des omnipraticiens en périnatalité du Québec.

La situation au CHUM concernant les quotas d'accouchements, tel que nous l'avons lu dans La Presse de vendredi dernier, illustre bien à quel point les administrations hospitalières, l'Agence de la santé et des services sociaux de Montréal et le ministère de la Santé tardent à s'ajuster à la hausse du taux de natalité de 10% observée dans l'île de Montréal depuis deux ans.

Les médecins accoucheurs du CHUM, gynécologues et omnipraticiens ont su s'adapter à ces nouveaux besoins et hausser leur offre de service pour faire 200 accouchements de plus par année, soit 2700 alors que l'hôpital reçoit un budget pour 2500. Notre administration refuse de réclamer à l'Agence une augmentation de fond qui correspond à la nouvelle réalité afin de soulager le personnel infirmier. Elle nous demande plutôt de refuser encore plus de patientes enceintes que nous le faisons déjà pour redescendre à 2500 accouchements. C'est ce qu'on appelle pelleter le problème chez le voisin.

Pourtant, les autres hôpitaux de la région sont déjà débordés alors que certains de ceux-ci n'ont pas la même marge de manoeuvre que le CHUM quant à leurs ressources médicales. Cela dit, la clientèle des couronnes sud et nord qui s'adresse au CHUM ne représente que 10% de nos patientes, qui pour la plupart travaillent à Montréal ou dont nous sommes déjà le médecin depuis des grossesses antérieures.

L'administration du CHUM s'inquiète avec raison de la pénurie d'infirmières. Pourtant, cette pénurie existe aussi dans les autres hôpitaux francophones de Montréal. Les patientes qui accouchent ne reçoivent pas toujours le support dont elles ont besoin et parfois des situations dangereuses pour la mère et l'enfant peuvent se développer. Le ministère, de concert avec les syndicats, doit trouver des solutions spécifiques adaptés aux grands centres urbains. En autre, le ministre Couillard devrait accorder aux infirmières des salles d'accouchements la prime déjà offerte aux infirmières de soins intensifs et de salles d'urgence. Quant à l'Agence de Montréal, elle devrait donner à chaque centre hospitalier, pour le budget 2008, les fonds correspondants aux nombres d'accouchements faits en 2007 et non selon ce qui était planifié. Cela permettrait à chaque centre de trouver des solutions originales pour soulager ses infirmières.

Certains hôpitaux comme Sacré-Coeur ont encore des installations désuètes pour accueillir les femmes qui accouchent et n'ont pas comme priorité de les mettre à niveau. Le ministère devrait les contraindre à le faire et débloquer les budgets en conséquence.

Manque de ressources

Dans la plupart des milieux hospitaliers, c'est aussi le manque de ressources médicales qui limite l'accessibilité au suivi de grossesse dans un délai raisonnable. Il faut donc augmenter le nombre d'infirmières en clinique externe et offrir aussi le support d'infirmières aux médecins dans leurs cliniques privées. Celles-ci pourraient remplacer le médecin pour certaines visites de routine. Des ententes entre le ministère, la FMSQ et la FMOQ viennent d'être faites à ce sujet. Il faudrait les concrétiser rapidement. Mais attention! Il ne faut pas dégarnir nos salles d'accouchements pour ces postes mais plutôt recruter auprès des infirmières en fin de carrière ou déjà retraitées.


Et les sages-femmes dans tout ça? Je crois qu'elles devraient augmenter leur nombre d'accouchements qui n'est que de 40 par an chacune, comparativement à 60 à 150 pour la plupart des médecins. L'ouverture de nouvelles maisons de naissance prévue par le ministère de la Santé aurait ainsi un peu plus d'impact sur la pénurie de professionnels en périnatalité que nous connaissons maintenant. Cependant, les sages-femmes sont trop peu nombreuses actuellement pour suffire à combler la hausse de la natalité.

Voilà un survol de solutions concrètes et rapidement réalisables que les gestionnaires et le ministre de la Santé devraient mettre en oeuvre afin d'offrir un service sécuritaire et de qualité pour toutes les femmes enceintes. Plusieurs de ces solutions s'appliquent aussi aux autres régions du Québec. Notre société a développé des programmes efficaces (garderie, congés parentaux) pour hausser le taux de natalité. Les femmes ont répondu à l'appel. Nous devons maintenant leur permettre de vivre leur grossesse et leur accouchement dans la sérénité et la sécurité en ajustant les ressources en conséquence.

4 commentaires:

Folly a dit...

Si ça t'intéresse de lire une autre vision que la tienne, je te propose de lire ceci: http://newsnoncensures.blogspot.com/2007/11/patch-adams-et-notre-systme-de-sant.html


Sur les dérives du privé..

Serge Rouleau a dit...

@Folly

Bien sûr que le privé commet des bévues. La grande différence entre une institution privée et un monopole public est qu'elle n'affecte qu'un nombre très limité d'individus alors que le monopole public affecte l'ensemble d'une population.

Folly a dit...

Le problème, qui touche tous les ministères et pour plusieurs pays ocidentaux, c'est la classe des bureaucrates. Un auteur (guy Bajoit) parle de culturocratie. Le fléau de nos organisations à combattre et cela n'implique pas nécessairement d'introduire le privé, juste de matraquer cette classe de société

Serge Rouleau a dit...

Les "boureaucrates" sont le produit du système. Il n'est donc pas possible de les changer sans changer le système.
Je suis d'accord que le privé n'est pas en soi la seule solution. L'important est que la survie d'une institution soit directement reliée à la satisfaction de sa clientèle. Cela implique que les institutions soient en compétition. L'introduction du privé n'est qu'un moyen d'introduire la compétition et de briser le monopole gouvernemental et syndical. En théorie il est possible de créer un réseau dans lequel les institutions publiques sont en compétition. Toutefois, il m'apparaît plus simple de faire appel à un concept bien connu et qui fonctionne, le privé.