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Vaut mieux en rire!

Avant de couper des centaines de millions dans les services, est-ce qu’on peut avoir les services ? - Michel Beaudry

09 décembre, 2007

La responsabilité de ses choix

La responsabilisation des individus implique qu’il doit y avoir un lien direct entre leurs choix et les conséquences qui en découlent. L’état providence brise ce lien en acceptant de prendre à sa charge les conséquences des choix fait librement par les individus. Ce faisant, l’état providence crée un cercle vicieux qui entraîne invariablement sa faillite.

Le culte de la victime
Le Journal de Québec, p. 16 / Nathalie Elgrably, 20 septembre 2007

À compter du 1er janvier prochain, les aliments à faible valeur nutritive comme les frites et les boisons gazeuses seront supprimés des écoles du Québec.

Vouloir promouvoir de saines habitudes alimentaires est louable, mais le discours tenu est infantilisant et mensonger, tandis que les mesures déployées sont hypocrites et perverses.

Le discours est infantilisant, car il sous-entend que les jeunes sont trop ignorants pour distinguer la nourriture saine de la malbouffe. Pourtant, nous vivons dans une société qui croule sous l’information et il faudrait faire de gros efforts pour ignorer la promotion d’aliments santé, qu’il s’agisse de yogourts sans gras, de céréales sans sucre ou de pain de blé entier.

Le discours est mensonger dans la mesure où il est axé sur l’environnement. L’enfant serait «victime» des mauvais choix alimentaires qui s’offrent à lui. Or, il est faux d’affirmer que seule la malbouffe est disponible. Même McDonald’s offre des salades!

Quant aux mesures employées, elles sont hypocrites, puisqu’on oublie d’incriminer les principaux responsables de l’obésité des jeunes: leurs parents! On entend parler de ce que l’État doit faire pour inculquer de saines habitudes alimentaires aux jeunes, mais il existe une omerta sur le rôle des parents. Évidemment, accuser un électeur de négliger l’alimentation de sa progéniture n’est pas politiquement rentable!

Pourtant, la responsabilité des parents est évidente. D’une part, ce sont eux qui financent la consommation de frites de leurs enfants. D’autre part, le petit-déjeuner et le souper sont pris à la maison, ce qui représente 2/3 des repas de la journée, sans oublier les collations prises au retour de l’école et en soirée et les week-ends, car ils représentent 28% de la semaine. Si les cafétérias et les fast-foods sont actuellement dans la ligne de mire, ce n’est pas tant en raison du rôle qu’ils jouent dans l’obésité des jeunes, mais parce que personne n’a le courage de reprocher aux parents de garnir leur réfrigérateur de malbouffe.

Enfin, les mesures adoptées occasionnent des effets pervers, car elles ouvrent la porte à une intrusion tentaculaire de l’État dans notre quotidien. Aujourd’hui, on vise les cafétérias, mais que fera-t-on si les enfants apportent à l’école des chips et des beignes? Vérifiera-t-on les boites à lunch? Inspectera-t-on le réfrigérateur des parents? Et que faire contre les habitudes sédentaires des jeunes qui passent des heures devant la télé ou l’ordinateur? Va-t-on permettre à des fonctionnaires ou à des bien-pensants d’imposer leurs standards?

Obésité

Et puis, l’obésité frappe également les adultes. Si on permet aux fonctionnaires de faire la guerre aux jeunes, ils ne tarderont pas à la déclarer également aux adultes, si bien qu’il sera rapidement impossible de manger des frites sans craindre de voir débarquer l’escouade anti-malbouffe. Mais qui donc est propriétaire de notre corps, nous ou l’État?

Si tout le monde s’entend pour affirmer que les compagnies sont responsables de ce qu’elles vendent, pourquoi les individus ne le seraient-ils pas de ce qu’ils mangent? Le libre-arbitre est-il donc à ce point évacué de notre société? Le premier pas dans la lutte contre l’obésité est de briser le culte de la victime et de responsabiliser les individus, jeunes et moins jeunes. Malheureusement, le concept de responsabilité individuelle est totalement étranger à tous les partisans de la nationalisation des corps!

Certains diront que l’intervention de l’État est nécessaire, car l’obésité impose des coûts importants aux contribuables via le système de santé public. Je répondrai à cet argument la semaine prochaine.

* Cette chronique a aussi été publiée dans Le Journal de Montréal.
Nathalie Elgrably est économiste à l'Institut économique de Montréal et auteure du livre La face cachée des politiques publiques.

Le culte de la victime : suite et fin
Le Journal de Montréal, p. 27 / Nathalie Elgrably, 27 septembre 2007

Mon texte de la semaine dernière a été consacré au fait que la nouvelle politique québécoise en matière de malbouffe réduit les libertés individuelles et ouvre la voie à la «nationalisation» des corps, car elle octroie à l’État le droit de décider de ce qui entre dans notre estomac.

Évidemment, la milice antimalbouffe prétend qu’une telle politique est nécessaire, car ce sont les contribuables qui financent le système de santé et qui, par conséquent, paient pour soigner les obèses. Leur logique est donc simple: je paie, donc je décide de ton alimentation.

Cet argument est réducteur. L’obésité occasionne des coûts, certes, mais il faut également tenir compte du fait que, malheureusement, les obèses meurent prématurément. Ils allègent donc les coûts liés aux soins de santé destinés aux aînés puisqu’ils réclament moins de pensions de vieillesse. Le fardeau qu’un obèse impose aux contribuables n’est donc pas celui qu’on nous présente, peut-être même est-il équivalent à celui d’une personne svelte qui vit jusqu’à 80 ans, mais il ne faut pas demander aux fondamentalistes antimalbouffe d’effectuer ce genre de précisions!

L’argument du financement public des soins de santé est également pernicieux, car il pourrait être invoqué pour réglementer n’importe quel comportement puisque toutes les activités humaines présentent des risques plus ou moins graves. On peut se blesser en déplaçant des meubles, en soulevant des sacs d’épicerie, en ratant une marche d’escalier, en rénovant sa maison, en pratiquant son sport préféré… Combien de gens terminent leur journée de ski dans une salle d’urgence, et combien finissent leurs jours dans un fauteuil roulant suite à un mauvais plongeon! C’est d’ailleurs la raison pour laquelle la médecine sportive occupe une place majeure dans le monde médical.

Si on interdit la malbouffe, pourquoi ne pas également réglementer toutes les activités qui imposent des coûts au système de santé? On pourrait bannir les autos pour réduire le nombre d’accidents de la route, empêcher le jogging pour limiter le nombre de chirurgies du genou, interdire les perçages pour éviter les infections, et limiter les déménagements à un par décennie afin de diminuer le nombre de blessures au dos.

Et sachant qu’une femme sur neuf développera un cancer du sein, pourquoi ne pas rendre obligatoire pour toutes les femmes une double mastectomie et ainsi économiser sur les traitements anticancer très coûteux?! Si l’on permet à des fonctionnaires de décider de notre alimentation pour le «bien de la société», pourquoi ne nous dicteraient-ils pas nos comportements pour la même raison?

Le véritable problème, qui gêne réellement la brigade antimalbouffe, ce n’est pas tant l’embonpoint d’autrui, mais plutôt le fait que chacun de nous doit payer pour les soins de santé consommés par le voisin. D’ailleurs, n’a-t-on jamais entendu les ténors de la santé publique faire la promotion d’une bonne hygiène buccale? Certainement pas, puisque les soins dentaires sont la responsabilité de l’individu et non celle de l’État!

Le débat sur la malbouffe est donc intimement lié à celui sur le financement des soins de santé. Évidemment, un système d’assurances privées où chaque individu paierait une prime en fonction du risque qu’il présente semble inconcevable pour beaucoup de Québécois. Pourtant, cette approche garantirait à l’individu la propriété de son corps et la liberté de choisir son style de vie. Mais encore faut-il accepter d’être responsable de son corps!

* Cette chronique a aussi été publiée dans Le Journal de Québec.
Nathalie Elgrably est économiste à l'Institut économique de Montréal et auteure du livre La face cachée des politiques publiques.

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