Chaque Québécois doit plus de 34 000 $ au provincial seulement

Vaut mieux en rire!

Avant de couper des centaines de millions dans les services, est-ce qu’on peut avoir les services ? - Michel Beaudry

05 décembre, 2007

Les conséquence de l'incurie des politiciens

Grâce au fiasco des fusions-défusions concocté, dans un cas comme dans l’autre, à des fins électoralistes, Montréal est devenue une ville ingérable qui coûte de plus en plus chère. À moins d’un mouvement de masse, où par exemple les montréalais refuseront de payer leur compte de taxe, le problème de l’organisation de Montréal demeurera entier.


La honte

Claude Picher, La Presse, 4 décembre 2007 - 06h34


J'ai encore en mémoire chaque détail de cette journée du dimanche 9 avril 2000.

Ma conjointe et moi devions participer à une fête de famille à Châteauguay. Il était prévu que nous quitterions Montréal assez tôt pour prendre des passagers à Verchères.

Le matin, il s'est mis à neiger. C'était prévu: MétéoMédia avait lancé un «avertissement de neige abondante». Mais, bon, les semaines précédentes avaient été exceptionnellement clémentes, le fond de l'air était doux, il n'y avait pas de raison pour ne pas prendre la route: il y avait des chances, même la madame de la météo l'avait dit, que tout cela se transforme en neige fondante.

Neige fondante mon oeil! Il a neigé, neigé et encore neigé: plus de 40 centimètres sont tombés sur Montréal cette journée-là! Le retour, de Châteauguay à Verchères, puis de Verchères à Montréal, a été particulièrement éprouvant.

Mais en arrivant à Montréal, le bonheur! Certes, la tempête avait laissé des tonnes de neige partout, mais, au moins, les déneigeuses avaient fait leur travail, on avait épandu du sel, ça circulait.

En soirée, j'ai dû faire une course et j'ai décidé d'y aller à pied: même les trottoirs de mon quartier étaient correctement déblayés. La civilisation! Et pourtant, nous habitons dans l'arrondissement de Mercier-Hochelaga-Maisonneuve, donc pas précisément au centre-ville.

Je me souviens aussi du vendredi 16 décembre 2005, cela fait presque deux ans jour pour jour. Une autre épouvantable tempête de neige: plus de 40 centimètres là aussi.

Dans ces cas-là, je laisse la voiture à la maison et je prends le métro. Ce jour-là, j'avais un lunch d'affaires, à environ 10 minutes du bureau. Je m'y suis rendu à pied, et j'ai pu le faire parce que tous les trottoirs au centre-ville étaient déblayés.

Lundi, je suis allé dîner en compagnie d'une collègue, dans un restaurant pas loin du bureau. Tous les deux, nous travaillons depuis près de 30 ans au centre-ville. Nous en avons vu, des tempêtes.

Et nous savons, d'expérience, que le centre-ville est bien équipé pour faire face aux tempêtes.

C'est normal: dans le quadrilatère situé entre le fleuve et les rues Saint-Denis, Sherbrooke et Guy est concentré le coeur de l'activité économique montréalaise.

On y trouve tous les grands édifices de bureaux, les grands hôtels, trois universités, la gare centrale, le terminus d'autobus, le Palais des congrès, l'hôtel de ville, le palais de justice, plusieurs hôpitaux dont le futur CHUM, et j'en passe.

C'est le centre névralgique de Montréal, et c'est pour cela qu'il est impérieux de le nettoyer avant les autres arrondissements.

Toutes administrations municipales confondues, depuis aussi longtemps que je puisse me souvenir, ont accordé la priorité au déneigement du centre-ville.

Apparemment, c'est fini.

Ma collègue et moi sommes rapidement tombés d'accord: jamais, en 30 ans, n'avons-nous vu le centre-ville aussi négligé lors d'une tempête.

Sur l'heure du midi, une bonne moitié des trottoirs n'avait pas encore été déblayés, et les gens devaient marcher dans les rues, elles-mêmes laissées à l'abandon. Pas un grattoir, pas une souffleuse, pas une charrue, pas une déneigeuse, pas de sel, rien.

En après-midi, je suis retourné faire un tour dehors, C'était toujours pareil. En plein coeur d'une ville qui veut se donner des airs de grande métropole. Ma collègue était indignée, avec raison: «c'est inadmissible, c'est une honte!»

Évidemment, ce n'est pas le bordel partout. Dans certains coins du centre-ville, selon les chroniqueurs de circulation, les déneigeurs avaient fait leur travail à peu près correctement.

Mais ces mêmes chroniqueurs, à l'heure de pointe, mettaient les automobilistes en garde: soyez prudents, les rues sont pleines de piétons parce que les trottoirs sont inutilisables!

Inadmissible, en effet.

Probablement, au cours des prochains jours, aurons-nous droit à des explications des autorités municipales. On essaiera peut-être de nous faire accroire que tout se passe bien, que c'est l'hiver et qu'on n'y peut rien, que c'est comme ça au Québec.

Possiblement, les politiciens vont se chamailler, les syndicats vont dire qu'on manque de budgets, tout le monde va se renvoyer la balle.

Taratata!

Moi, ce que je sais, c'est que je n'ai jamais vu le centre-ville en pareil état en 30 ans. J'ai déjà vu des tempêtes bien pires que celle de lundi, et cela n'a pas empêché la Ville de déblayer plus rapidement.

Tout cela veut dire que quelqu'un, quelque part, ne fait pas son job.

Aucun commentaire: