Chaque Québécois doit plus de 34 000 $ au provincial seulement

Vaut mieux en rire!

Avant de couper des centaines de millions dans les services, est-ce qu’on peut avoir les services ? - Michel Beaudry

19 janvier, 2008

Peut-on tomber plus bas?

Je rêve du jour où les politiciens de carrière seront remplacés par des politiciens motivés par le désir de laisser un monde amélioré après leur passage. Qui reconnaîtront que le rôle de l’État est de veiller à donner aux gens le maximum de liberté compatible avec une vie en société riche. Qui ne seront plus guidés par le sondage du jour ou par la crainte des groupes d’intérêt mais, par les principes des droits fondamentaux des individus. Alors, je pourrai être fier d’être Montréalais et Québécois.

En plus de l’excellent texte de Vincent Marissal qui suit, je vous encourage aussi à écouter l’entrevue de Jean Counoyer, ex-ministre et Michel Parent, Président du syndicat des cols bleus de Montréal.

Le jeudi 17 janv 2008
La honte
Vincent Marissal
La Presse

Pauvre Montréal. Pour une rare fois que l'on a un vrai hiver, il n'y aura pas de Fêtes des neiges.

Pauvres Montréalais, en fait. Encore une fois, ils font les frais des interminables querelles entre la Ville et ses cols bleus.

Vous allez dire que c'est le père de deux petits monstres de 5 ans et de 20 mois qui ont bien besoin de bouger malgré le froid ambiant qui écrit ici. Vrai, la Fête des neiges fait partie des activités familiales depuis quelques années, mais en fait, c'est plus le Montréalais, le contribuable, qui exprime son ras-le-bol dans cette chronique.

Ras-le-bol de voir cette belle ville stagner, perdre du temps en conflits et en politicailleries, de voir cette ville constamment freinée dans son élan par une paralysie bureaucratique apparemment incurable.

L'annulation de la Fête des neiges n'est qu'un exemple de plus de ce qui cloche à Montréal.

Le pire, c'est qu'il est impossible de trouver le ou les responsables. Quand il y a un pépin, Montréal, c'est comme chez Air Canada: c'est toujours la faute de quelqu'un d'autre, ce qui fait qu'à la fin, ce n'est jamais la faute de personne.

Il faut 10 jours pour enlever la neige? C'est de la faute des arrondissements. Ou des cols bleus. Ou de Québec. Ou de la neige, tiens, trop abondante. Donc, c'est de la faute à personne. A-t-on une idée de la perte de productivité d'un bassin de population avoisinant les trois millions quand une ville tourne au ralenti pendant 10 jours ou plus?

Près de deux semaines pour enlever 30 cm de neige dans une ville comme Montréal? Suggestion pour la prochaine tempête: faites comme l'ancien maire de Toronto, Mel Lastman, appelez l'armée à la rescousse.

Mais revenons à la Fête des neiges. Qui est responsable de son annulation? Les cols bleus? C'est trop commode. Les négos? C'est trop simple. L'administration municipale? Chose certaine, le maire semble impuissant dans cette «crisette», lui qui en est réduit à demander une trêve aux cols bleus en les flattant dans le sens du poil pour leur bon travail après les récentes bordées de neige. Et en leur disant qu'il en va de leur réputation. Elle est bien bonne, celle-là. Depuis quand les dirigeants syndicaux des cols bleus se soucient-ils de leur image publique?

La Ville avait évité les coups d'éclat perturbateurs des cols bleus, l'été dernier, quand ceux-ci menaçaient de saboter le Grand Prix de Formule Un et la course Nascar, mais une fête familiale, c'est bien connu, ça rapporte moins que des courses de chars.

«Qu'est-ce que tu veux qu'il fasse pour la Fête des neiges, le maire, on est en pleines négos avec les cols bleus?» demandait hier un collègue de la salle de rédaction.

Voilà bien le problème: il semble qu'il ne peut jamais rien faire le maire, surtout quand il est question des cols bleus. On dirait bien qu'il n'a aucun pouvoir, aucun levier, qu'il est victime, finalement.

Dans notre système politique, ce sont les élus qui sont redevables aux citoyens, pas les cols bleus. Ce n'est pas toujours juste, les gouvernements en portent souvent lourd sur leurs épaules, mais c'est la règle du jeu.

Voici ce que Tonton Gérald disait, en juin dernier, pendant la controverse sur le Grand Prix et les festivals: «À Montréal, dès qu'il y a un problème, on se tourne vers le maire. Il faut changer des mentalités à la Ville et c'est difficile.»

Évidemment que l'on se tourne vers le maire, c'est pour cela qu'on l'a élu.

L'aspect le plus intéressant de la politique municipale, le plus intéressant en politique, point, c'est justement la proximité avec les électeurs. C'est au niveau municipal que l'on peut vivre la forme la plus directe de démocratie. Malheureusement, ce principe de proximité a été bafoué par les trop nombreux paliers de décideurs, dont la principale préoccupation est de protéger leurs arrières.

C'est notre faute aussi, beaucoup, cela dit. La politique municipale, on s'en fout, c'est pas sérieux, ce sont les ligues mineures à côté du provincial et du fédéral. Suffit de voir le taux de participation aux élections municipales pour s'en convaincre.

On a tort de s'en foutre parce que la Ville gère des budgets colossaux et la majorité de ses décisions, contrairement aux parlements fédéral et provincial, ont un impact immédiat sur la vie des citoyens.

C'est cette indifférence envers la chose municipale qui explique aussi l'absence chronique de grosses pointures parmi les aspirants maires. En tout respect pour les candidats potentiels, on n'est pas dans la crème politicienne du Québec. Comment se fait-il que le poste de maire de Montréal ne soit pas plus couru? Montréal n'est pourtant pas une ville moche, tant s'en faut. Elle stagne ces années-ci, c'est vrai, mais elle a maintes fois fait preuve d'une énergie et d'une créativité qui n'a rien à envier aux Barcelone, Vancouver ou Boston de ce monde.

C'est l'histoire de la poule et de l'oeuf. Est-ce que la politique municipale n'attire pas les grosses pointures parce que cette ville est devenue ingérable ou est-ce que cette ville est devenue ingérable parce qu'on manque de grosses pointures pour la diriger?

Une chose est certaine: l'absence de concurrence à la mairie rend la vie bien facile au maire Tremblay, qui ne se sent pas trop menacé.

Vous direz, avec raison, que l'impuissance de la métropole de la province fait l'affaire de Québec (c'est un réflexe inné en politique que de bâillonner ses subalternes).

Cela dit, pour pervertir une citation récente de John McCain, Montréal n'est pas la victime de l'histoire, mais son témoin. Le maire de Montréal a autant, sinon plus de légitimité que le gouvernement québécois (surtout un gouvernement minoritaire). Il est plus que temps de faire jouer le poids de cette légitimité.

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