Chaque Québécois doit plus de 34 000 $ au provincial seulement

Vaut mieux en rire!

Avant de couper des centaines de millions dans les services, est-ce qu’on peut avoir les services ? - Michel Beaudry

13 juillet, 2008

Pour une société sans État

André Dorais

L’État est ce qui reste en place suite au passage des gouvernements au pouvoir. Il ne constitue rien de plus que les institutions qui le représentent. Celles-ci varient d’un pays à l’autre non pas tant en fonction de leur richesse respective que de l’idéologie dominante. Malgré les carnages effectués par l’État au cours des siècles un peu partout dans le monde, l’idéologie dominante est de lui donner plus de pouvoir dans l’espoir qu’il en sortira un jour du bien. Dans la mesure où l’on exige de cette idée qu’elle soit universelle, il s’agit d’un espoir vain puisque l’État a pour principe la coercition.

Imposer à autrui son idée du bien relève, au mieux, d’ignorance, au pire, de dictature. Qu’on utilise à cette fin un processus démocratique ou non n’y change rien. Si l’État peut aider certains individus à améliorer leur sort, ce ne peut être qu’en nuisant à d’autres par l’entremise d’actions coercitives. Il s’ensuit que s’en remettre à lui, c’est se faire complice du mal. Une façon plus légitime et plus efficace de rendre service est de mise. Se contenter de dire que l’État est un moindre mal, c’est mal évaluer ce à quoi on le compare.

L’ordre public

Le premier et le plus important service pour vivre en société est celui d’assurer la sécurité physique des gens; veiller à ce que chacun puisse être en mesure de vaquer à ses occupations sans craindre d’être agressé par d’autres individus. Malgré l’importance de ce service, la valeur relative qu’on lui accorde varie néanmoins selon l’individu, ses lieux de travail, de résidence, etc. Pour cette raison, les individus et les entreprises font de plus en plus appel aux services privés de sécurité. Bien qu’ils soient généralement complémentaires aux services publics, les services privés se substituent à eux ici et là. Il suffirait que l’État cesse d’imposer les contribuables pour qu’ils les remplacent définitivement.

Les services de protection de la personne et de la propriété sont comme tous les autres services et il n’y a pas de raison pour l’État d’en maintenir le monopole. Seule la tradition favorise le statu quo. Si plusieurs traditions méritent d’être poursuivies, encore faut-il y trouver des avantages. Or, monopoliser des services par la force de la loi n’en offre aucun. Le monopole de la protection, à l’instar de plusieurs autres monopoles, n’est pas remis en question sous le prétexte de maintenir une certaine égalité entre les gens. En théorie, celle-ci se traduit par l’uniformité du service. La pratique est tout autre. Selon cette façon de voir, l’uniformité du service est le prix à payer pour son universalité, c’est-à-dire pour servir tout le monde. Cette vision est réductrice. L’universalité du service n’est pas remise en cause, mais plutôt son efficacité et sa légitimité. Un service universel et personnalisé est possible dans la mesure où les monopoles d’État sont abolis.

Les soi-disant monopoles établis par la concurrence ne peuvent être considérés à ce titre puisqu’ils ne sont pas protégés par la loi. Ils sont toujours aptes à disparaître, de sorte que leur domination ne peut être que temporaire. Les monopoles, à proprement parler, ne peuvent être établis que par l’État. Bien qu’il existe essentiellement deux façons de les financer, via les pouvoirs fiscaux ou par l’entremise des prix, les consommateurs ne sont pas plus avantagés par l’une que l’autre. En effet, un monopole qui offre ses services via des prix peut, à première vue, laisser plus de choix aux consommateurs, mais on ne doit pas oublier que ces prix sont ou plus élevés ou plus bas qu’ils ne seraient dans un marché concurrentiel. L’État se sert des premiers pour financer les seconds. Autrement dit, à l’intérieur d’un monopole, la capacité des consommateurs à déterminer les prix est inversement proportionnelle aux charges imposées aux contribuables. Seuls les prix d’un marché libre indiquent les préférences de l’ensemble des consommateurs.

Les impôts et les taxes ne permettent pas d’identifier les besoins précis des gens, car ils visent des groupes plutôt que des individus. Ces pouvoirs se traduisent rapidement par une façon d’imposer à autrui ses propres choix. On se contente de relever l’importance des services (sécurité, éducation, santé, etc.) pour conclure que l’État doit les monopoliser. C’est conclure trop vite. Après tout, se nourrir est aussi important que se protéger et ce n’est pas l’État qui s’en occupe. Dieu merci! Plusieurs individus désirent ces services à un moment ou à un autre, mais rares sont ceux qui les désirent tout le temps ou en recherchent la même qualité.

Les besoins des gens changent constamment et personne n’est mieux placé qu’eux-mêmes pour les évaluer et tenter de les satisfaire. Imposer les contribuables pour des services qu’ils n’utilisent pas nécessairement (garderie) ou de manière inégale selon leur âge (santé, éducation), leur résidence (sécurité), et cetera, ne peut satisfaire leurs besoins que partiellement et de façon décroissante. Il ne s’agit donc pas uniquement d’un problème de ressources, mais aussi de moyens utilisés pour les affecter.

Lorsqu’un gouvernement décide de répondre à un besoin plutôt qu’un autre, il n’effectue pas un choix difficile au même titre qu’un individu. L’individu cherche à combler ses besoins d’après ses priorités et, règle générale, sans nuire à personne. Les choix gouvernementaux, pour leur part, favorisent certains besoins et certains individus nécessairement aux dépens d’autres individus. On doit réaliser ici que les mêmes mots, selon qu’ils sont utilisés par un individu ou un gouvernement, renvoient à des réalités tout à fait différentes.

Peu importe les services gouvernementaux offerts, tant et aussi longtemps que les contribuables devront les financer et ne pourront pas les refuser ou les marchander, il sera impossible d’en évaluer la valeur pour chaque individu. Pour connaître celle-ci, il ne suffit pas d’introduire de la concurrence dans l’offre des services, on doit substituer les forces du marché à l’État et conséquemment les consommateurs aux contribuables. On ne peut pas répondre aux besoins de chacun par l’entremise des impôts et des taxes puisqu’ils nuisent aux priorités de plusieurs. En un mot, ces moyens sont inefficaces pour répondre aux besoins des gens.

En introduisant la concurrence au sein des services d’ordre, il y a fort à parier que les assureurs, déjà dans l’évaluation du risque relatif à la vie et à la propriété, prendront la relève de l’État pour affecter les ressources. À l’aide du mécanisme autorégulateur des profits et pertes, la possibilité de répondre aux besoins précis des consommateurs et une révision des principes de justice qui tient compte des choix de chacun plutôt que ceux de la majorité ou de groupes en particulier, on devrait constater à la fois une baisse des coûts relatifs à la protection et une réduction de la criminalité. Utopique? Un libéral propose, mais n’impose pas. À chacun de tirer ses conclusions.

Lorsqu’on peut taxer et imposer les gens, on est enclin à prendre des risques indus pour avancer ses projets, par conséquent on a moins intérêt à préserver les ressources. Au contraire, les assureurs ont tout intérêt à les utiliser judicieusement puisqu’ils n’ont que leur clientèle comme source de financement. En collaboration avec les services d’ordre, ils ont aussi intérêt à offrir une bonne protection à leurs clients puisqu’il s’ensuit moins de réclamation et conséquemment des profits plus élevés. Ceux-ci s’établissent de concert avec des prix plus bas, à l’instar de tous les produits et services offerts librement. Seules les contraintes de l’État et ses monopoles, notamment celui sur la monnaie, empêchent ce résultat d’advenir.

On réduit la criminalité non seulement à l’aide de ressources, mais aussi à la manière dont on s’y prend pour les obtenir et les affecter. En imposant les gens pour offrir des services, ceux-ci sont appelés à utiliser toutes les ruses pour obtenir les bonnes grâces de l’État. Ce processus conduit à la médiocrité plutôt que l’excellence, à la dépendance plutôt que l’autonomie et à la division sociale plutôt que la coopération. Bref, il ramène l’homme peu à peu à l’état sauvage.

Au contraire, l’assureur procède sur une base individuelle et volontaire, ce qui conduit à la responsabilité de chacun. De la même façon qu’il est entendu de ne pas indemniser un individu qui met délibérément le feu à sa maison, un individu reconnu coupable d’agression risque d’être incapable de trouver un assureur prêt à le servir. Celui-ci se retrouve rapidement isolé et vulnérable, d’autant plus que la majorité sera fort probablement assurée et regardera d’un air suspect celui ou celle qui ne l’est pas. Dans un régime de liberté, chaque individu est renvoyé à ses responsabilités sans contraindre personne.

L’État impose ses choix sous le prétexte de parler au nom de la population. C’est non seulement présomptueux, mais impossible. Ce ne sont que des excuses pour maintenir un processus inefficace et illégitime. Une fois la force coercitive admise comme moyen pour arriver à ses fins, l’État a beau jeu d’avancer les projets qu’il veut. Des groupes d’intérêt se forment, mais la plupart d’entre eux s’en remettent à lui dans l’espoir de voir imposer leur idée du bien. L’État se trouve conforté dans ses rôles d’entrepreneur et de pacificateur, alors qu’il est la principale source de conflit et de pauvreté.

Imposer son idée du bien renvoie à une conception de la justice qui ne peut pas être universelle puisque le bien diffère selon chaque individu. Devant ce constat, ou bien on révise sa conception de la justice, ou bien l’État continue à accumuler les pouvoirs sous le prétexte de corriger les problèmes qu’il a lui-même créés.

.....À suivre

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