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27 octobre, 2008

L’or : refuge et moyen d’échange

André Dorais

En ces temps d’incertitude économique plusieurs investisseurs s’attendaient à ce que le prix de l’or augmente ou, à tout le moins, ne diminue pas puisqu’ils le considèrent comme une valeur refuge. Ils sont déçus de constater qu’il ait perdu quelque 20% de sa valeur depuis juillet dernier. Doivent-ils s’en inquiéter? Que signifie une valeur refuge? La réponse à cette question ne concerne pas uniquement les investisseurs, mais tous les consommateurs.

L’or est utilisé essentiellement dans trois secteurs d’activité : joaillerie, investissement et industrie. Bien que l’on dise souvent que la joaillerie accapare 68% du marché, l’investissement, 19% et l’industrie, 11%, ces proportions sont sujettes à caution. En effet, rien n’interdit aux gens de considérer leurs objets d’or comme investissement. On parle d’investissement au sens économique, c’est-à-dire une tentative de faire fructifier sa richesse ou, à tout le moins, de la préserver. Bien que la demande d’or tende à augmenter en temps de crise, en temps normal elle varie peu. L’offre ne varie pas davantage, d’où que l’or tend à maintenir son pouvoir d’achat.

Lorsque plusieurs investissements semblent s’écrouler, un investissement dans l’or donne l’impression de s’enrichir, mais la réalité est qu’on y perd moins. Cela vaut pour un investissement dans l’or métallique, mais beaucoup moins pour un investissement dans les producteurs ou explorateurs d’or, qui sont sujets à beaucoup plus de risques. On n’a qu’à comparer la volatilité de leurs titres boursiers à celle des entreprises oeuvrant dans les autres secteurs d’activités au cours des derniers mois pour s’en convaincre.

Depuis 5 ans, l'or a pratiquement doublé par rapport aux plus importantes monnaies du monde. En généralisant, cela signifie que les revenus de placement pour la même période doivent être divisés en deux lorsqu’on les traduit en or. Cela démontre également l’incapacité des autorités à contenir leur propension à dévaluer la monnaie. Elles ont beau se concerter pour rassurer la population, puisque leurs décisions, relatives à la présente crise, sont de même nature que celles qu’elles ont toujours prises, les résultats seront les mêmes, voire pire encore, car elles exigent davantage des contribuables.

La montée du prix de l’or depuis 6 ans devrait être entendue comme un rappel à l’ordre. Elle dit aux politiciens et à leurs supporteurs : vous vous trompez de cible. Le capitalisme n’est pas coupable de la crise actuelle, pas plus qu’il ne l’est des crises précédentes, par conséquent il n’a nul besoin d’être corrigé, ou «refondé» selon l’expression utilisée par le président Sarkozy. Avant de donner des leçons de morale aux autres, les hommes de l’État devraient faire le ménage dans leur propre cour.

Ils déposent des milliards dans les coffres des institutions financières et en retour demandent aux dirigeants de celles-ci de prêter ces sommes aux consommateurs pour relancer l’économie. C’est d’une grande naïveté. Comme n’importe quel individu, les banquiers vont d’abord chercher à sauver leur peau. Les hommes de l’État et leurs ouailles ne manqueront pas de les mettre au pilori. Déjà plusieurs d’entre eux leur font des menaces à peine voilées. Les banques, comme les pétrolières, font de parfaits boucs émissaires, car elles sont riches. Sans chercher à défendre le moindre individu qui travaille dans ces secteurs, on doit étendre son analyse aux institutions gouvernementales pour comprendre ce qui se passe.

À force de se concentrer sur ce que les banques font, ou ne font pas, avec ce nouvel argent, plus personne ne se pose la question à savoir d’où il vient. Or, il ne provient pas uniquement des emprunts gouvernementaux, mais de la taxation, de l’imposition et de plus en plus de l’inflation monétaire. Celle-ci est à l’origine de la crise actuelle, comme elle l’est des crises précédentes, et elle est strictement gouvernementale. Elle est à l’origine des cycles économiques, crises financières, dévaluation des monnaies et montée relative de l’or. Plus de temps les autorités prendront à le réaliser, plus graves seront les conséquences à moyen et à long terme.

La remontée du dollar américain depuis quelques mois, par rapport aux autres monnaies, est due principalement à l’intérêt des investisseurs internationaux pour les bons du Trésor américain. Le dollar n’est pas vraiment mieux géré que les autres monnaies, il est simplement plus utilisé et plus facile à transiger. En d’autres mots, le dollar constitue toujours la valeur refuge par excellence. La question à se poser est à savoir pour combien de temps encore?

Depuis trois mois, le dollar a gagné 19% relativement à l’indice qui porte son nom (cet indice compare les variations du dollar à un ensemble de six monnaies importantes : Euro, Yen, Livre, dollar canadien, couronne suédoise et franc suisse). Dans le marché des changes, cette augmentation est considérable. Il est à noter que cela correspond à la baisse du prix de l’or pour la même période. Il s’agit d’une corrélation et non d’une explication, c’est-à-dire qu’il n’en sera pas toujours ainsi.

Ce genre de mouvement brusque pourrait très bien se reproduire au profit de l’or, sans en faire bénéficier les autres monnaies, lorsque les investisseurs réaliseront qu’il vaut mieux une monnaie stable aux politiques malavisées de «stabilité des prix». L’or peut effectivement servir de monnaie. C’est d’ailleurs lui qui a historiquement joué ce rôle. On ne le remplace pas comme on veut. Malgré cela, il y a peu de chance que les politiciens en tiennent compte lors de leur prochaine grand-messe.

Les raisons en sont les suivantes : Ils ne pensent qu’à créer de nouveaux programmes (Troubled Asset Relief Program, Commercial Paper Funding Facility, Term Auction Facility, etc.), à faciliter le crédit et à intervenir dans tous les secteurs d’activités. Si économistes, financiers et historiens sont invités à leur grand-messe, ce sera probablement pour leur suggérer des interventions plus musclées, car, sauf exception, c’est ce qu’ils ont toujours fait. Quelles sont les probabilités qu’ils présentent aux décideurs une lecture différente des années 1930, de celle généralement entendue, comme solution à la crise actuelle? Économistes, historiens et politiciens croient tout savoir sur ces années, par conséquent ils vont continuer à pourfendre le libéralisme sans réaliser qu’il a besoin du respect de la propriété pour fonctionner. Ils vont continuer à pourfendre le capitalisme sans réaliser que celui-ci a été dépourvu, lors de cette même période, d’un de ses principaux éléments : l’or comme monnaie.

L’or constitue un excellent refuge en temps de crise économique, car on ne peut pas le manipuler à sa guise comme on le fait avec la monnaie actuelle (fiduciaire). C’est là un de ses principaux avantages. Il va à l’encontre des projets des politiciens et des étatistes de tout poil qui veulent tout contrôler avec les résultats qu’on connaît. La production d’or varie peu et elle est plutôt stable, tandis que la production de monnaie fiduciaire n’a aucune limite et elle est produite d’après les prétentions des fonctionnaires et des politiciens à diriger l’économie, soit les innombrables échanges effectués par les consommateurs au quotidien.

Incapables d’admettre qu’ils sont les premiers responsables des crises économiques, les politiciens et leurs ouailles sont toujours prêts à sacrifier un des leurs lorsque cela fait leur affaire. Ainsi, ils accusent Alan Greenspan, ex dirigeant de la Réserve fédérale, d’avoir créé la crise, alors qu’ils le traitaient en dieu lorsqu’il en était le président. Ils l’accusent d’idéologie capitaliste, alors que la Réserve fédérale est une institution gouvernementale, donc nécessairement socialiste. Le capitalisme est incompatible avec une banque centrale. On ne doit pas accuser Greenspan d’avoir mal géré, mais d’avoir accepté de gérer pareille institution. Et l’on doit surtout accuser les politiciens de l’avoir créée en premier lieu.

Le véritable libéral rejette cette institution comme il rejette la monnaie qu’elle produit, car elles constituent le problème, non la solution. À son avis, l’État doit non seulement abolir sa banque centrale et sa politique relative aux réserves fractionnaires, mais il doit se retirer complètement de toutes les questions relatives à la monnaie. Cela signifie, notamment, qu’il ne doit plus déterminer le cours légal, soit la nature de la monnaie. Dans ces circonstances, l’or redeviendra le principal moyen d’échange. Cela n’implique pas qu’on doive créer des pièces d’or additionnelles, mais plutôt que l’or serve minimalement d’ancrage aux cartes de débit et de crédit, qui constituent de plus en plus les moyens contemporains d’échanger biens et services. Il existe une multitude d’avantage à utiliser l’or comme monnaie, mais on se contentera de rappeler le plus important : il est plus indépendant du politique que toute banque centrale peut l’être.

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