Chaque Québécois doit plus de 34 000 $ au provincial seulement

Vaut mieux en rire!

Avant de couper des centaines de millions dans les services, est-ce qu’on peut avoir les services ? - Michel Beaudry

30 novembre, 2008

La politisation des monopoles publics

Dans un excellent texte, Nathalie Elgrably dénonce, avec raison, la politisation du système de santé.

Tous les organismes gouvernementaux sont nécessairement politisés. Les politiciens s’approprient les monopoles étatiques et s’en servent pour mousser leur carrière et leur parti. Les exemples ne manquent pas : Dumont et Marois exige la divulgation des chiffres de la Caisse dans le but de nuire à la campagne du PLQ; Charest refuse parce qu'il craint que cela nuise à son parti et non pour isoler la Caisse des pressions politiques comme il le prétend; Claude Béchard voulait donner le contrat de remplacement des voitures du métro sans soumission pour obtenir les faveurs de Bombardier, du syndicat et des travailleurs. Ce n’était pas pour obtenir les meilleures conditions possibles comme il l’a prétendu; Bernard Landry a exigé que l’État investisse dans Les Papiers Gaspésia pour obtenir le soutien de la FTQ et non par grandeur d’âme; Etc..

Il faut méconnaître la nature humaine pour croire que les politiciens, comme la plupart des gens d’ailleurs, n’agissent pas en fonction de leurs intérêts.
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La politisation de la santé
Nathalie Elgrably-Levy
Journal de Montréal, le 27 novembre 2008

Voilà 25 ans que nous cherchons à améliorer l'efficacité de notre système de santé. Chaque campagne électorale et chaque débat sont l'occasion pour les candidats de promettre un système universel et équitable, mais dès qu'on pense avoir réglé une injustice, on en découvre une autre.

Par exemple, Jean Charest propose d'améliorer l'équité du système de santé en assumant les frais reliés à la procréation assistée car l'infertilité est une maladie. Et le cancer, est-ce une maladie? Si oui, alors pourquoi les patients atteints d'un cancer de la sphère ORL (bouche, pharynx, larynx) doivent-ils assumer des frais lorsqu'il faut, par exemple, qu'on leur arrache des dents ?

Les cas semblables sont nombreux car notre système de santé souffre d'un mal dévastateur : il est politisé ! Le système n'évolue pas en fonction des besoins, mais bien en fonction des pressions politiques. Nous cherchons à tâtons des solutions à nos problèmes, alors que des vies sont en danger. Exit le processus d'essai et d'erreur, et finissons-en avec la politisation de la santé. Il faut maintenant s'inspirer des modèles à succès !

Citons, entre autres, le modèle de Singapour. Selon la Banque mondiale, il produit d'excellents résultats à des coûts faibles. À titre comparatif, nous consacrons environ 10 % de notre PIB aux soins de santé, soit 3 fois plus qu'à Singapour. Quant à l'État, il assume plus de 70% des dépenses en santé des Québécois contre 31,9% de celles des Singapouriens.

Pourtant, selon l'Organisation mondiale de la santé, l'espérance de vie d'un Canadien est de 81 ans contre 80 ans pour un Singapourien. Quant aux taux de mortalité infantile et néonatale, ils sont respectivement de 5 pour 1 000 et 3 pour 1 000 au Canada, mais de 3 pour 1 000 et 1 pour 1 000 à Singapour.

Singapour a compris que la gratuité est une fiction et que le jeu politique n'a pas sa place dans un domaine aussi important que la santé. Ainsi, plutôt que de recourir au financement par la taxation, Singapour a mis sur pied le Medisave, un système qui permet aux travailleurs d'épargner pour financer leurs soins de santé. Les Singapouriens ont également le choix entre le Medishield, une assurance-santé offerte par l'État, et les asurances que proposent les compagnies privées. Par ailleurs, il existe le Medifund, en vertu duquel l'État prend en charge les patients dans le besoin. Pour ce qui est de la fourniture des soins, les secteurs privé et public se font vertement concurrence.

Le modèle de Singapour est certes imparfait, mais il prouve que ce ne sont ni l'importance des dépenses gouvernementales, ni le fait de céder aux bureaucrates le pouvoir de légiférer sur ce qui est couvert par l'État qui importent dans le domaine de la santé. Au contraire, si ce modèle fonctionne bien, c'est parce que le patient n'est pas tributaire des humeurs des politiciens et des fonctionnaires.

On dit souvent que la santé est un droit. Dans ce cas, pourquoi la couverture des soins est-elle un enjeu électoral ? On affirme également qu'il est immoral de faire du profit sur la maladie. Alors, pourquoi tolérons-nous que des candidats amassent du capital politique en jouant sur ce que nous avons de plus précieux ? En plus de créer des injustices et de causer l'explosion des coûts, notre système de santé politisé tient les malades en otages. Malheureusement, rien ne changera tant que nos candidats seront trop lâches pour dénoncer ce phénomène et renverser la vapeur !

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