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Avant de couper des centaines de millions dans les services, est-ce qu’on peut avoir les services ? - Michel Beaudry

26 janvier, 2009

Sortir du bourbier économique en dépensant plus ?

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David Rose et Lawrence White, le 26 janvier 2009 - La cause ultime aux Etats-Unis de la crise économique actuelle n'est ni l'effondrement du marché hypothécaire secondaire, ni les politiques visant à accroître l'accès à la propriété et ni la montée de l'exotisme des instruments financiers. Ces facteurs ont affecté la nature de la crise, mais la raison première en reste l'éclatement d'une bulle immobilière rendue possible par une croissance excessive de la masse monétaire aux Etats-Unis.

L'argent abondant et les faibles taux d'intérêt ont stimulé la consommation, poussant les prix à la hausse. Comme l'offre de logements est relativement rigide, les prix de l'immobilier ont augmenté rapidement. À partir de 2001 la hausse des prix de l'immobilier, combinée à un marché boursier favorable, a fait croître la valeur nette perçue par les propriétaires. Les américains pensaient qu'ils n'avaient pas besoin de beaucoup épargner en vue de la retraite ou des études de leurs enfants. Et qu’ils pouvaient emprunter grâce à la valeur croissante de leur capital immobilier, qui leur aurait permis d’acheter plus de biens, de services, de valeurs mobilières, et d’immobilier. Les dépenses alimentées par le crédit ont donc entretenu la hausse des prix de tous les biens, surtout l'immobilier et les valeurs mobilières.

Mais l'augmentation des prix de l'immobilier, et l'augmentation des dépenses qu’elle avait permise, est une illusion. La capacité de l'économie à produire des biens et services réels est déterminée par la quantité d’usines et d’équipement, le nombre de travailleurs, l’offre de matières premières, et ainsi de suite. Les Etats-Unis sont entrés inévitablement dans une période d'inflation générale ; la Federal Reserve a dû alors ralentir sa politique d'argent facile. Ainsi, il est devenu plus coûteux d’emprunter et les gens ont réduit leur dépense ou ont commencé à vendre des actifs pour la maintenir. L’une ou l’autre réaction a exercé une pression à la baisse sur les prix de l'immobilier et des valeurs mobilières, de sorte que les prix que tout le monde espérait voir augmenter indéfiniment ont commencé à chuter. La débandade baissière était en marche.

La Réserve fédérale avait commencé à accroître l'offre de monnaie en 2001. D'année en année, la croissance de la masse monétaire est passée brièvement au-dessus de 10% et est restée au-dessus de 8% dans la seconde moitié de 2003. L'effet sur les taux d'intérêt a été immédiat : le taux directeur qui était de 6,25% en 2001 a chuté pour terminer à 1,75% la même année. Il a encore baissé en 2002 et 2003, atteignant un niveau record de 1% à la mi-2003. Mais si la Fed n'avait pas augmenté l'offre de monnaie de 2002 à 2006, la demande accrue de crédit, résultant des dépenses financées par les déficits et de l'augmentation de la demande pour l'immobilier, aurait poussé les taux d'intérêt à la hausse. Cela aurait découragé les emprunts. La hausse des taux d'intérêt aurait ainsi déjoué le processus par lequel l'augmentation de l’emprunt par l’Etat et par le public aurait augmenté artificiellement les prix des actifs, engendrant encore plus d'emprunt.

La plupart des économistes, des responsables de l’administration et des hommes politiques continuent de croire à l’explication keynésienne standard de la récession: les récessions sont causées par des consommateurs et des entreprises devenus « effrayés » pour aucune raison valable, ce qui fait chuter les dépenses de consommation et d'investissement en dessous des niveaux normaux. Cela réduit la demande de biens et services, ce qui réduit l'emploi, ce qui a son tour réduit encore plus les dépenses, et ainsi de suite. Étant donné que le niveau des dépenses avant le « grand effroi » est présumé être durable, la solution au problème est simple : augmenter les dépenses pour qu’elles retrouvent leur niveau de la période d’expansion.

En réalité, la croissance excessive de la masse monétaire a tiré les prix des actifs vers le haut et les taux d'intérêt vers le bas, conduisant à ce que les gens se sentent plus riches qu'ils ne l'étaient réellement et réduisant le coût du crédit pour faciliter l'accroissement des dépenses. Étant donné que le niveau des dépenses avant la période de croissance de la masse monétaire a été à peine soutenable, le niveau des dépenses de consommation et de l’investissement des entreprises résultant n'était pas viable. La solution est de permettre aux prix des actifs retomber à des niveaux qui reflètent exactement ce que l’économie peut produire. Cela fera comprendre aux gens qu'ils ne sont pas aussi riches qu’ils le pensaient il y a deux ans et, par conséquent, permettra le retour des dépenses à des niveaux soutenables.

Pourtant, presque tout le monde pense qu’il faut davantage relancer l'économie, même si les tentatives pour résoudre notre crise en augmentant les dépenses sont exactement la mauvaise chose à faire. Personne ne veut assumer le coût politique de passer pour un négligeant en adoptant une politique de « l’inaction ». Avec une certaine forme de lâcheté politique donc, le gouvernement fédéral tente de mettre en œuvre une solution de type « économiser un franc et en prodiguer mille ». Malheureusement, on ne peut pas résoudre un problème de dépenses excessives en dépensant plus. Cela ne fait qu’aggraver la crise.

Les Etats-Unis ont déjà emprunté cette voie par le passé. La plupart des récessions commencent par l'éclatement de bulles qui se sont formé en raison d'une croissance excessive de la masse monétaire. Mais, encore et toujours, il est présumé une cause keynésienne pour proposer une solution keynésienne. Les récents krachs des marchés boursiers et immobiliers peuvent se révéler être le début d'une reprise saine et relativement rapide – à la condition qu’il y ait le courage de le laisser se produire.

David Rose et Lawrence White sont respectivement professeur d’économie et professeur d’histoire économique à l’Université de St Louis-Missouri aux Etats-Unis.

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