Chaque Québécois doit plus de 34 000 $ au provincial seulement

Vaut mieux en rire!

Avant de couper des centaines de millions dans les services, est-ce qu’on peut avoir les services ? - Michel Beaudry

12 février, 2009

Éducation : Nivelons par le bas

Trop souvent dans les écoles publiques, coincées entre la bureaucratie et les syndicats, l’éducation des élèves est une fonction secondaire. Les élèves sont au service du système et non le contraire comme cela devrait être. Il n’est donc pas surprenant qu’elles perdent leur clientèle au profit des écoles privées.

La solution me semble évidente : Favorisons la croissance des écoles privées. Éventuellement elles remplaceront les écoles publiques les moins efficaces. (Voir La compétition améliore l’efficacité des écoles)

Michèle Ouimet propose au contraire d’étouffer les écoles privées en abolissant leurs subventions. Donc, selon Mme Ouimet il faudrait éliminer les écoles privées pour ne pas ternir la réputation des écoles publiques!!!

Il n’y a pas de meilleure façon de niveler par le bas.
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Publié le 12 février 2009 à 04h39 Mis à jour à 04h39
Abolissons les subventions à l'école privée
Michèle Ouimet, La Presse

L'École internationale de la Commission scolaire de Montréal (CSDM) est prise d'assaut. En septembre 2008, au primaire, elle n'a accepté que 58 élèves. Pourtant, elle avait reçu 769 demandes. Elle a donc refusé 711 jeunes. Manque de place.

Qu'ont fait les parents de ces 711 enfants? Ils se sont probablement tournés vers le privé, affirme la présidente de la CSDM, Diane De Courcy.

Même phénomène au secondaire : 597 parents ont voulu envoyer leur rejeton à l'École internationale de la CSDM; 138 ont été admis. Faites le calcul : 597 - 138 = 459.
Donc, 459 refus = 459 parents jetés dans les bras du privé.

L'École internationale est bâtie sur le même moule que le privé : examens d'admission, sélection féroce, rejet des faibles. Plusieurs parents préfèrent cette formule, car elle leur permet d'éviter les écoles régulières de la CSDM.

Difficile de les blâmer. Ces écoles accueillent une clientèle de plus en plus lourde. Le nombre d'élèves en difficulté a grimpé de 3% au cours des quatre dernières années, passant de 16,5% à 19,6%. Évidemment, les écoles privées ne se garrochent pas pour les accueillir même si elles sont financées à 60% par le gouvernement.

La CSDM n'a pas les moyens de laisser filer les élèves qui sont refusés à l'École internationale.

La plus grosse commission scolaire du Québec en arrache. Dans un document intitulé Un état de la situation, sorte de bilan annuel, la CSDM brosse un tableau sombre.

Depuis 2003, elle a perdu 5500 élèves. Sur un total de 75 600. Ça frise l'hémorragie.

Pourquoi ce sauve-qui-peut? La CSDM avance deux hypothèses : la baisse démographique et le départ des familles vers la banlieue. Pas un mot sur le privé qui, pourtant, lui livre une rude concurrence. Un silence troublant.

Pourtant, en 2006, la CSDM ne se gênait pas pour accuser le privé. «Le départ des élèves pour l'école privée est un élément qui doit nous préoccuper et auquel il faudra nous intéresser de plus près au cours des prochaines années.»

En 2004, même constat lucide: «L'école publique est en baisse depuis quelques années» ; «L'augmentation du nombre d'élèves qui choisissent de s'inscrire à l'école privée entraîne une baisse supplémentaire de près de 1000 élèves tous les 4 ou 5 ans (l'équivalent d'une petite école par année)» ; «Alors qu'en 2004-2005, environ 24,7% des élèves qui habitent le territoire de la CSDM vont dans les écoles privées, il est prévu qu'en 2009-2010, cette proportion sera de 26%.»

Et l'hémorragie va continuer.

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En janvier, la CSDM a annoncé qu'elle voulait ouvrir de nouvelles écoles internationales. Tiens, tiens, la pure et dure Diane De Courcy, qui s'est toujours opposée aux écoles élitistes, change d'idée. Intéressant.

Je l'ai rencontrée dans son grand bureau situé au 5e étage de l'imposant édifice de la CSDM. Oh! Que l'entrevue a été compliquée. Pourtant, ma question était toute simple. Dans vos nouvelles écoles internationales, les élèves seront-ils sélectionnés?

La question l'embêtait drôlement, elle, la présidente du MEMO, un parti politique reconnu pour ses positions intransigeantes sur la sélection des élèves.

Je n'ai pas compris sa réponse. Teeeellement alambiquée. J'avais l'impression d'être devant une contorsionniste. Je me suis pincée : suis-je à la CSDM ou au Cirque du Soleil?

Mme De Courcy est piégée. Si elle veut stopper l'hémorragie, elle doit se battre avec les mêmes armes que le privé. Sauf que les écoles internationales drainent les meilleurs élèves, appauvrissant du même coup les écoles «ordinaires».

On parle désormais d'écoles à trois vitesses : le privé, les écoles internationales ou à vocation particulière et, au fond du tonneau, les écoles ordinaires qui sont à bout souffle.

Ces écoles en arrachent. Plus le public s'appauvrit, plus les parents insatisfaits fuient, plus le privé grossit.

Et le phénomène prend de l'ampleur. Le privé est en train de tuer le public.

Voici quelques chiffres pour convaincre les sceptiques. En 1973, à peine 8% des élèves fréquentaient une école secondaire privée au Québec. En 1998, ce chiffre grimpait à 16%. À Montréal, le phénomène est plus aigu. En septembre 1999, 30% des élèves du secondaire allaient au privé.

Tant que le gouvernement va subventionner les écoles privées, ce cercle vicieux va exister. Pire, il va s'accentuer.

La CSDM paie le gros prix de cette course au privé. En 2005, 19% des élèves de 6e année ont choisi le privé ou une autre commission scolaire pour le secondaire. En 2006, le chiffre grimpait à 29%, une hausse spectaculaire de 10 points que Diane De Courcy est incapable d'expliquer.

Dans certains quartiers, la perte est vertigineuse. Dans Notre-Dame-de-Grâce, 47% des élèves migrent vers le privé après le primaire ; 46% dans Westmount-Côte-des-Neiges ; 45% dans Ahuntsic-Cartierville ; 26% dans le Plateau Mont-Royal.

Diane De Courcy sait que le privé joue dans ses platebandes et mine ses écoles. C'est pour ça d'ailleurs qu'elle milite en faveur de l'abolition des subventions au privé.

Mais les politiciens ne veulent pas en entendre parler. Il n'y a même pas de débat. Et il n'y en aura pas tant qu'ils continueront à envoyer leurs enfants au privé. En commençant par la ministre de l'Éducation, Michelle Courchesne, qui a choisi le privé pour ses fils.

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