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22 février, 2009

Le vrai danger de la crise économique

Depuis toujours les politiciens utilisent la peur comme moyen de contrôle des populations. La crise économique actuelle leur offre une occasion de plus de faire peur aux gens pour s’immiscer davantage dans leur vie.

Il n’y a rien de nouveau sous le soleil. Les crises économiques ont toujours existé. Elles servent à purifier le système des abus incontrôlés. C’est l’équivalent d’une indigestion chez ceux qui abusent sans considération de la bonne chair.

Cette crise n’est ni plus grave, ni moins grave que celles qui l’ont précédées. Comme elles, elle passera. Ce n’est pas tant les effets de la crise qu’il faut craindre, mais les conséquences à court et à long terme des interventions politiques.

En plus d’endetter les générations futures, les politiciens se sont donné pour mission de redéfinir le capitalisme. Pour eux, c’est une occasion rêvée d’intervenir dans la vie des gens. Trop souvent cela se résume à réduire les libertés économiques de tous au profit de quelques uns. Voilà, comme le mentionne timidement André Pratte dans son texte ci-après, où réside le vrai danger.
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Publié le 21 février 2009 à 09h06 Mis à jour à 09h07
Le capitalisme
André Pratte, La Presse

La chute du mur de Berlin consacrait le triomphe du libéralisme sur son plus coriace rival idéologique. Le monde entier allait devenir capitaliste, d'une manière ou d'une autre, de Dallas à Shanghai.

Les capitalistes ont été mauvais gagnants. Ils ont poussé leur système à l'extrême, c'est-à-dire à l'excès. Risques démesurés, appétits gargantuesques, incompétence et arrogance crasses, fraudes éhontées ont marqué la dernière décennie. Jusqu'à ce que les colonnes du temple s'effondrent.

Aujourd'hui, ceux-là mêmes qui prônaient l'État minceur supplient les gouvernements de venir à leur rescousse. L'industrie automobile à elle seule dit avoir besoin d'une bouée de sauvetage de 40 milliards. Et un apôtre du libre marché aussi convaincu que l'ancien président de la Réserve fédérale américaine, Alan Greenspan, souhaite la nationalisation temporaire de certaines banques.

Les réactions des marchés boursiers aux gigantesques plans de relance mis en place par les gouvernements laissent croire que les investisseurs en veulent encore plus. C'est-à-dire qu'ils veulent que la relance vienne de l'État, que ce dernier assume tous les risques. Quels frileux capitalistes que voilà!

Quand le président français, Nicolas Sarkozy, s'est mis à parler en septembre dernier de la nécessité de «refonder le capitalisme», plusieurs ont souri devant l'ambition démesurée qu'il exprimait là. C'est pourtant ce qui sera nécessaire.

Malgré ses faiblesses et ses effets pervers, le capitalisme a fait ses preuves. Pour paraphraser Churchill au sujet de la démocratie, c'est le pire système économique à l'exception de tous les autres que l'humanité a essayés. C'est pourquoi ceux qui croient au libéralisme économique, à commencer par les gouvernants et les dirigeants d'entreprise, doivent s'investir dans la nécessaire réforme.

Rien n'est plus troublant, dans la déroute actuelle, que la multiplication des cas d'abus à de très hauts niveaux. À l'affaire Madoff a succédé l'affaire Stanford. Les dirigeants d'une entreprise aussi respectée que Research in Motion (fabricant du BlackBerry) viennent de verser à la Commission des valeurs mobilières américaine (Securities and Exchange Commission) des amendes totalisant 1,4 million dans une cause d'antidatage d'options. La grande banque suisse UBS a pour sa part admis sa responsabilité pour les «activités irrégulières» survenues dans ses transactions avec des déposants américains. Selon Washington, UBS attirait ces clients en leur faisant valoir qu'ils pourraient échapper au fisc.

C'est l'État qui a mis au jour ces abus, l'État qui permettra aux économies de se relever, l'État qui amortira les chocs subis par les citoyens - pertes financières, chômage. En contrepartie, les gouvernements voudront renforcer leurs contrôles sur le système économique. À moyen terme, cela nuira à l'efficacité de celui-ci.

Tout contrits et dociles qu'ils soient aujourd'hui, les capitalistes en viendront bientôt à se plaindre de la lourdeur des lois, des règlements, de la bureaucratie. Toutefois, leur crédibilité sera nulle. Et ils n'auront qu'eux-mêmes à blâmer.

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