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Avant de couper des centaines de millions dans les services, est-ce qu’on peut avoir les services ? - Michel Beaudry

11 mars, 2009

Des plans de relance pour faire diversion

Joseph E. Stiglitz, professeur d'économie à l'Université Columbia, a reçu le prix Nobel d'économie en 2001. Il déclare que les plans de relance par le haut ne fonctionnent pratiquement jamais. Il ajoute qu’il aurait mieux valu gérer les faillites que de gaspiller des centaines de milliards en plan de relance mal conçus.

Il est de plus en plus évident que l’interventionnisme des gouvernements ne servira qu’à empirer la situation et à endetter les populations. À la fin, comme par le passé, le marché devra trouver ses propres solutions à la crise économique.

Des interventions politiques mal avisées sont à la source des crises financière et économique. Les plans de relance permettent de détourner l’attention du public des politiciens vers le libre marché.
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La Presse, Publié le 10 mars 2009
Comment rater la relance
Joseph E. Stiglitz

(New York) Certains ont cru que l'élection de Barack Obama allait tout remettre sur pied en Amérique. Parce que ça n'a pas été le cas, même après le vote d'un plan de relance de grande envergure, la présentation d'un nouveau programme visant à gérer le problème sous-jacent des logements, et plusieurs plans de stabilisation du système financier, certains commencent à accabler Obama et son équipe.

Cependant, Obama a hérité d'une économie en chute libre, et n'aurait humainement pas pu renverser la situation dans le court laps de temps qui s'est écoulé depuis sa prise de fonction. Le président Bush a eu l'air d'un lapin surpris par les phares d'une voiture paralysé, incapable de presque rien faire pendant plusieurs mois avant son départ. C'est un soulagement de constater que les États-Unis ont enfin un président capable d'agir, et ce qu'il a commencé va faire une grande différence.

Malheureusement, cela ne suffira pas. Le plan de relance semble conséquent plus de 2% du PIB par an mais un tiers est consacré aux réductions fiscales. Et les Américains se retrouvant face à la menace de l'endettement, à un chômage en rapide augmentation (et au pire système de prestations de chômage des plus grands pays industrialisés) et à la chute des cours boursiers, ils auront tendance à économiser la plus grande partie de ces réductions d'impôt.

Environ la moitié de l'incitation ne fait que compenser l'effet récessionniste des contractions au niveau des États. Les 50 États des États-Unis doivent entretenir des budgets équilibrés. Le total des déficits a été estimé à 150 milliards il y a quelques mois aujourd'hui, le chiffre doit être bien supérieur la Californie à elle seule présente un déficit de 40 milliards.

L'épargne des ménages commence enfin à augmenter, ce qui est bon pour la santé à long terme des finances des ménages, mais désastreux pour la croissance économique. Et pendant ce temps, les investissements et les exportations sont eux aussi en chute libre.

En bref, le plan d'incitation va consolider l'économie américaine, mais il ne suffira probablement pas à restaurer une croissance robuste. C'est aussi une mauvaise nouvelle pour le reste du monde, car un rétablissement mondial fort nécessite une économie américaine solide.

Les vrais défauts du programme de redressement de l'économie d'Obama, cependant, ne résident pas dans le plan de relance mais dans ses tentatives de réanimer les marchés financiers. Les échecs des États-Unis donnent des leçons importantes aux autres pays, qui affrontent ou vont affronter de plus en plus de problèmes avec leurs banques.

- Repousser la restructuration des banques coûte cher, à la fois en termes d'éventuels coûts de renflouement et de dégâts causés à l'économie en général dans l'intervalle.

- Les gouvernements répugnent à admettre le coût total du problème. Par conséquent, ils donnent au système bancaire juste assez pour survivre, mais pas assez pour recouvrer une bonne santé.

- La confiance est importante, mais elle doit reposer sur des fondamentaux solides. Il ne faut pas baser les politiques sur l'hypothèse fictive que de bons emprunts ont été effectués, et que le sens des affaires des dirigeants et régulateurs des marchés financiers sera validé une fois la confiance revenue.

- On peut s'attendre des banquiers qu'ils agissent dans leur propre intérêt en fonction des incitations fournies. Les incitations perverses ont déclenché des prises de risque excessives, et certaines banques près de s'effondrer mais trop grosses pour faire faillite continueront dans le même créneau. Sachant que le gouvernement ramassera les morceaux si nécessaire, elles repousseront le moment de résoudre les hypothèques et verseront des milliards en bonus et dividendes.

- Ne confondons pas le sauvetage des banquiers et des actionnaires et le sauvetage des banques. L'Amérique aurait pu sauver ses banques mais lâcher leurs actionnaires pour bien moins que ce qu'elle a dépensé.

- La politique de relance par le haut ne fonctionne pratiquement jamais. Arroser les banques n'a pas aidé les propriétaires : les saisies de logement continuent d'augmenter. Laisser AIG faire faillite aurait pu porter atteinte à certaines importantes institutions du système, mais gérer ce problème aurait mieux valu que jouer plus de 150 milliards en espérant qu'une partie de la somme allait se coller là où il le fallait.

L'époque où l'on croyait qu'il était possible de créer quelque chose à partir de rien devrait être révolue. Les réponses myopes des politiciens qui espèrent s'en tirer avec une solution assez réduite pour plaire aux contribuables mais assez considérable pour agréer les banques ne feront que prolonger le problème. Une impasse se profile. Il faudra davantage d'argent, mais les Américains ne sont pas d'humeur à le donner et sûrement pas dans les conditions qui ont prévalu jusqu'à maintenant. Il se pourrait bien que la source de l'argent se tarisse, et avec elle, l'optimisme et l'espoir légendaires de l'Amérique.

Copyright : Project Syndicate, 2009 / www.project-syndicate.org
L'auteur, qui enseigne l'économie à l'Université Columbia, a reçu le prix Nobel d'économie en 2001.

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