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09 septembre, 2011

Comment mettre un terme aux sauvetages financiers ?

Revue de livre par Mathieu Bédard

Ending Government Bailouts As We Know Them, édité par Kenneth E. Scott, George P. Schultz et John B. Taylor, paru chez Hoover Institution Press, Stanford

Le 1er septembre 2010 – La crise financière de 2008 est avant tout une crise de l’aléa moral. Ce n’est pas l’avis d’une poignée d’économistes hétérodoxes, mais de certains des plus grands économistes contemporains réunis en décembre 2009 lors d’un colloque organisé par la Hoover Institution. Les articles proposés lors de cette conférence sont devenus les chapitres de Ending Government Bailouts As We Know Them, édité par Kenneth E. Scott, George P. Schultz et John B. Taylor, paru chez Hoover Institution Press, Stanford.

En effet, c’est parce que certaines autorités financières craignent que la faillite des grandes banques entraîne de graves conséquences économique et politique qu’elles volent à leur secours dès que le spectre de la faillite est évoqué. Le problème des sauvetages financiers, au-delà de leurs coûts immenses pour le contribuable, est qu’ils incitent les investisseurs à être moins prudents, sachant qu’ils seront secourus si les choses tournent mal. L’autre alternative, explorée par ce recueil de textes, est de rendre la défaillance de ces grandes banques plus facile à supporter, à la fois politiquement et économiquement.

Après avoir établi le constat qu’on en sait très peu sur les risques liés à la faillite de grandes banques, et que nous n’arrivons même pas à établir une définition raisonnable de ce qu’est une grande banque (John B. Taylor), l’ouvrage explore le dédale des procédures actuellement en place pour éviter que la contagion financière ne gangrène le système financier (Kimberly Anne Summe).

Il y a en fait deux grands types de solutions pour rendre la faillite des grandes banques plus tolérable : les solutions à adopter maintenant pour tenter de mitiger le risque que les faillites ne posent problème, et les solutions proposant des manières alternatives de traiter la faillite des grandes banques, générant moins de retombées négatives sur le système financier. Il est donc exploré des mécanismes cherchant à éviter l’insolvabilité des banques, injectant « automatiquement » des capitaux dans les banques lorsqu’elles passent sous un seuil critique (Darrel Duffie). l’ouvrage examine aussi le principe de forcer les grandes banques à tenir à jour des plans de fermeture détaillés, dont le but express est de limiter les effets négatifs sur les autres banques (Richard J. Herring, Joseph A. Grundfest).

Le recueil étudie ensuite les deux alternatives actuellement en place pour traiter les banques insolvables ; la mise sous tutelle par l’autorité américaine assurant les déposants (William F. Kroener III d’une part, et Thomas M. Hoenig, Charles S. Morris et Kenneth Spong de l’autre) ou la faillite plus traditionnelle du Chapter 11 (Thomas H. Jackson). L’enjeu est de savoir si l’on a plus confiance en une bureaucratie avec des ressources quasi illimitées, ou en l’expérience et la sagesse des négociations menées par le tribunal de faillite.

S’il s’agit bien là de la crème de la recherche économique sur ce qui est maintenant très largement connu sous le nom de risque systémique, le lecteur ne pourra s’empêcher de remarquer que non seulement on connaît très peu de choses sur cette menace, mais qu’aucun exemple historique ou fait ne laisse penser que le risque systémique, tel que défini dans le livre, capable de bloquer la tuyauterie de l’économie n’existe réellement. Et même si c’était le cas, presque toutes les mesures proposées pour atténuer les effets négatifs des faillites de grandes banques sont dépendantes à la fois d’une mesure et d’une définition du risque systémique que l’on ne possède pas, mais de mécanismes déclencheurs qui sont fort peu susceptibles de se réaliser au moment où on en a le plus besoin (du fait du délai dans l’inscription comptable des pertes).

Somme toute, Ending Government Bailouts As We Know Them est un coup d’œil rapide sur des débats scientifiques qui ne sont pas réglés et pour lesquels des réponses faciles et évidentes n’existent pas, et donc un excellent rappel que la science économique est la science de l’humilité devant des institutions économiques complexes.

Mathieu Bédard est analyste pour UnMondeLibre.org.

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