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Avant de couper des centaines de millions dans les services, est-ce qu’on peut avoir les services ? - Michel Beaudry

11 novembre, 2011

Corruption : chacun son métier et les vaches seront bien gardées

Dans un texte publié dans cyberpresse le 2 novembre dernier, Martin Leblanc et Pierre-Yves Néron, respectivement professeur de philosophie au collège Montmorency et directeur adjoint du Centre de recherche en éthique de l'Université de Montréal (CRÉUM), dénoncent le fait que le cadre d’analyse de la corruption dans l’industrie de la construction, tel que proposé initialement par le gouvernement, est « individualiste » et peut être comparé à la métaphore des pommes pourries. Ils écrivent :

Ce cadre d'analyse « individualiste » est souvent illustré par la métaphore des pommes pourries, une analogie facile à comprendre, psychologiquement satisfaisante et moralement rassurante. Les pommes sont des individus, les pommes pourries sont des bandits. Le panier de pommes, c'est l'industrie de la construction, le ministère des Transports, le système, etc. Comme les bonnes pommes dans le panier, les individus qui font partie du système sont de bonnes personnes, mais quelques individus mal intentionnés peuvent corrompre le système (contaminer le panier). Pour remédier à la situation, il faut trouver les mauvaises pommes et les éliminer (mettre les quelques mauvaises personnes en prison).
Ils concluent que ce cadre d’analyse est plutôt simpliste puisqu’il évite de remettre en question le système qui a permis, voire favorisé, la corruption de nos institutions.

Jusque-là, leur analyse me semble judicieuse et offre un argument solide en faveur d’une commission d’enquête pleine et entière pour identifier les lacunes institutionnelles qui ont permis aux pommes pourries d’accéder à des postes de pouvoir et d’œuvrer à l’intérieur du système sans jamais être menacés. (Depuis la publication du texte de Martin Leblanc et Pierre-Yves Néron, le gouvernement Charest a finalement fait volte-face. La Commission d’enquête Charbonneau possède maintenant les pleins pouvoirs de la loi.)

Malheureusement, les auteurs ne se sont pas limités à ce constat des plus pertinents. Plus loin dans leur texte ils écrivent :

Faire appel au secteur privé n'est pas mauvais en soi. Mais il ne peut pas systématiquement remplacer l'État, parce que le public et le privé ne jouent pas les mêmes rôles et n'ont pas les mêmes objectifs. La fonction publique a pour priorité le service aux citoyens, le bien commun et elle doit rendre des comptes à l'ensemble de la population, ce qui n'a rien à voir avec la recherche du profit et le gain rapide pour les actionnaires.
Cette assertion découle de la même erreur que font tous les interventionnistes. Pour eux, tous les malheurs sont attribuables à la réduction de la taille de l’État et à la présence du secteur privé. Aussi longtemps que l’on fera croire à la population que les fonctionnaires sont des anges au service du public et que les entreprises privées sont des requins ne recherchant que le profit, il sera impossible de réformer nos institutions.

Il y a autant d’individus à la morale élastique chez les politiciens et les fonctionnaires qu’il y en a chez les entrepreneurs ou dans la population en général. Aussi, afin de minimiser les risques de corruption il est nécessaire de départager autant que possible les responsabilités de surveillance de celles de fournisseur. C’est tout le contraire d’un État interventionniste qui monopolise des pans entiers de l’économie.

Lorsque l’État joue les deux rôles, surveillant et fournisseur, les politiciens et les fonctionnaires sont constamment en conflit d’intérêts. C’est l’équivalent de l’autorégulation des industries, concept tant décrié, avec raison, par les interventionnistes. De plus, lorsque l’État monopolise une industrie, les entreprises moins scrupuleuses n’hésitent pas à faire appel aux raccourcis de la corruption pour obtenir leur part du gâteau.

L’État, incluant le parapublic, monopolise 40 % de l’économie québécoise. Ce n’est certainement pas plus d’État dont le Québec a besoin, mais d’un État qui joue le rôle qui lui revient. L’État a pour mandat de veiller à la bonne marche de la société. Son rôle premier consiste à définir les normes et à surveiller leur application et de permettre au libre marché de fournir les produits et services à la population. Les forces vives de la société sont amplement capables de fournir des services de meilleure qualité et à meilleur prix que ne le peut une fonction publique obèse et bureaucratisée.

Dans une démocratie, les occasions de corruption sont directement proportionnelles à la présence de l’État dans l’économie. Si les Suédois ont compris ce principe, les Québécois peuvent le comprendre aussi si on leur en donne la chance.

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