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15 mai, 2012

La société libérale selon Hayek


La société libérale, pluraliste et tolérante, telle qu’imaginée par Friedrich Hayek ne peut exister sans une économie de libre marché. Une société libre est encadrée par les règles qu’elle se donne plutôt que par les fins qu’elle poursuit. Une fois les règles établies, par exemple la propriété privée des moyens de production, il n’est pas nécessaire d’être d’accord sur les fins recherchées pour vivre en paix. Peu importe les fins recherchées par chaque individu, elles peuvent être satisfaites par le libre marché.

Par contre, le fonctionnement d’une économie socialiste est déterminé par les fins qu’elle poursuit. La collectivité détermine les fins qui seront poursuivies, par exemple un régime de santé universel, et centralise les ressources nécessaires à la poursuite de cet objectif. Ainsi, les individus perdent toute liberté de choix.


Dans le texte qui suit, Steven Horwitz, résume l’analyse économique de Hayek.
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Friedrich Hayek : une vision libérale tolérante et pluraliste Friedrich Hayek, qui aurait eu 113 ans cette semaine, est sans doute l’économiste et le philosophe social le plus important du XXe siècle. Tant de choses ont été écrites sur Hayek et ses contributions qu’il est parfois difficile de trouver un point d’entrée pour dire quelque chose à la fois de nouveau et d’important.

Bien que beaucoup ait été dit au sujet de l’analyse économique de Hayek, de sa théorie politique, et de sa théorie de la connaissance, en réalité peu a été dit au sujet de sa vision plus large d’une société libérale. C’est une chose que de parler des constitutions, des ordres spontanés et de l’utilisation des connaissances dans la société, mais quelle vision trouve-t-on derrière tout cela? Quel genre de monde l’ordre libéral est-il? Qu’est-ce donc que ce qu’Hayek appelle la « Grande Société », au niveau plus personnel?

Je défends ici l’idée que la vision de Hayek de l’ordre libéral est construite sur les valeurs fondamentales du pluralisme et de la tolérance, qui sont tous deux véhiculés par des propriétés importantes de l’économie de marché. Comme le dit Hayek dans le deuxième volume de sa trilogie Droit, législation, et liberté, « société libre est une société pluraliste sans hiérarchie commune de fins particulières». Cela signifie que le marché, comme les autres institutions sociales (comme le langage), est un processus de coordination sociale qui est « indépendant des fins » : peu importe nos fins particulières, nous pouvons tous utiliser le processus de marché pour les atteindre. J’aime peut-être la cuisine mexicaine, vous pourriez aimer la cuisine indienne, mais nous n’avons pas besoin de prendre une décision unique quant à ce que nous allons tous deux manger. Nous pouvons chacun parvenir à nos fins différentes à travers le marché.

Voici la chose importante : une fois que nous sommes d’accord sur les règles, nous n’avons pas besoin d’accord sur les fins pour vivre en paix les uns avec les autres. La société libérale est « connectée par les moyens » et non « connectée par les fins ». Les marchés nous permettent d’être en désaccord pacifiquement, alors que chacun poursuit son propre chemin.

Mais remarquez que pour permettre ce type de société, nous devons être prêts à tolérer les différences avec les autres. Nous devons reconnaître que notre liberté de parvenir à nos fins se paie au prix de permettre à d’autres la même chose, même si nous trouvons leurs fins déplaisantes. Pour reprendre les mots du fondateur de la Fondation pour l’Éducation Économique, Leonard Read, nous devons être prêts à accepter « tout ce qui est pacifique ». C’est ce que Hayek signifie quand il dit qu’une société libre est une société pluraliste.

Comparons cela au socialisme ou au fascisme. Ces systèmes nécessitent une hiérarchie unique des fins ; selon la théorie, le niveau collectif décide quelles fins seront poursuivies et lesquelles ne le seront pas. Lorsque les ressources sont allouées de manière centralisée, la poursuite de nos propres fins individuelles est impossible. Nos fins particulières doivent être subordonnées aux priorités de l’Etat ou de la collectivité. Le résultat n’est pas le « désaccord pacifique » et la tolérance de l’ordre libéral, mais des conflits constants pour les rênes du pouvoir, afin de parvenir à ses fins au détriment des autres. Le jeu à somme positive de la société libérale, notamment à travers le marché, est alors transformé en un jeu à somme nulle ou à somme négative du pouvoir de l’Etat.

Bien que la tolérance et le pluralisme que le libéralisme exige soient caractérisés de manière minimale comme le refus de recourir à la coercition pour empêcher « tout ce qui est pacifique », le libéralisme nous encourage puissamment à coopérer avec ceux qui sont différents de nous. Comme Hayek le souligne aussi, le mot grec de « catallaxie » qui exprime « échanger » signifie également « admettre dans la communauté » et « changer un ennemi en ami ». L’échange, dans une société fondée sur le marché, nous met en contact avec de nouvelles personnes ayant des fins différentes et conduit ces personnes dans notre ensemble de relations sociales. Nous pourrions choisir d’ignorer ces différences, mais notre exposition pourrait nous conduire à faire des choix nouveaux et différents à l’avenir, ou du moins nous rendre plus ouverts à la variété des fins que les autres poursuivent.

En d’autres termes, l’échange peut nous aider à apprécier le pluralisme de l’ordre libéral.

Pour Hayek, la société libérale est pluraliste. C’est une société où la poursuite de « tout ce qui est pacifique » n’est limitée que par notre imagination et par notre tolérance à l’égard des poursuites similaires par d’autres personnes. Sa vision n’est pas strictement économiste, mais largement humaniste.

Steven Horwitz le 11 mai 2012. Steven Horwitz est Professeur d’économie à la St. Lawrence University aux USA. Une version de cet article a été publié initialement en anglais sur le site www.FreeManOnline.org.

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