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12 avril, 2013

Du Grand Rattrapage au Déclin Tranquille


Revue de livre par Joanne Marcotte

Quelle merveilleuse contribution à l’histoire économique du Québec que celle de Vincent Geloso. Après 4 ans de fouilles statistiques et de données économiques, Geloso réhabilite l’époque d’avant 1960, celle que les historiens ont qualifié de “Grande noirceur”.

Notre mythologie historique entourant la “Grande Noirceur” et le moment fondateur, croit-on, de la “Révolution tranquille” ne tiennent pas tout à fait la route lorsque mis à l’épreuve par la démonstration rigoureuse et passionnée de Geloso. Vérification faite, si on voulait parler de période de Grand Rattrapage, il faudrait plutôt se référer à l’époque de l’après-guerre de 1939-45 s’étalant jusqu’au début des années 1960, selon l’auteur.

Suivant cela, la “Révolution tranquille” des années 1960 et 1970 a-t-elle vraiment été l’expression d’une accélération du Grand Rattrapage pré-1960 démontré par Geloso? Même pas, prétend-il. “Relativement aux autres, on n’a pas fait aussi bien que la narrative de la Révolution tranquille prétend.”

À titre d’exemple et de façon absolument fascinante, nous serions même en plus mauvaise posture sur le plan des diplômés universitaires qu’au début des années 1960! La période chérie des révolutionnaires tranquilles? Plutôt le début d’un Déclin Tranquille, selon l’auteur.

Dans son essai, Geloso crève également le mythe selon lequel la période pré-Révolution tranquille était celle de l’emprise totale de l’Église catholique. En fait, selon lui, “Pendant le Grand Rattrapage de 1945-1960, l’Église était probablement à son point le plus éloigné de l’appareil étatique Québécois depuis la rébellion des patriotes.” Surprenant, non?

Dans son essai, Geloso nous introduit également à la “Nouvelle économie institutionnelle”, celle qui tient compte de la culture et des incitatifs.

Si l’environnement dans lequel les gens évoluent est plus permissif (libéral) et qu’il favorise la liberté économique (et il s’agit là d’une condition cruciale), il suffit qu’une poignée d’individus décident de défier l’attitude culturelle dominante qui étouffe la croissance pour que celle-ci commence à se métamorphoser.

C’est, semble-t-il, ce qui se passait dans les années de l’après-guerre et j’ajouterais personnellement que c’est sûrement ce dont nous avons présentement un urgent besoin!

Le véritable héritage de la Révolution tranquille selon Geloso, outre les avancées qu’il ne faudrait pas nier:
la dette qui explose
le niveau de vie du Québec dopé par les transferts fédéraux
un fardeau fiscal plus élevé qu’ailleurs
des groupes d’intérêts imbriqués dans le fonctionnement de l’État qui dégrade le capital social

L’oeuvre de Geloso devrait s’ajouter à la boîte à outils des professeurs en sciences humaines toutes catégories de nos institutions collégiales. Elle est également une oeuvre que tout Québécois devrait compter dans sa bibliothèque. Jugeons l’histoire non pas sur la base des gestes ou du nombre d’interventions de l’État mais sur les résultats, suggère-t-il. Sur cette base, la conclusion est claire.

“Ce n’est pas l’État-providence de la Révolution tranquille qui a fait naître le rattrapage du Québec et il ne l’a pas accéléré non plus et à plusieurs égards, il l’a même ralenti.”

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